Les oubliés de la grande Région

Que vont devenir les animateurs culturels, les conseillers tuteurs en insertion et autres postes spécifiques créés dans l’ex-Poitou-Charentes ? Neuf mois après la fusion des trois régions de la Nouvelle-Aquitaine, les syndicats s’inquiètent et l’organisation des services peine à trouver une cohérence.

Romain Mudrak

Le7.info

Au fil des années, les animateurs culturels ont su faire leur place dans les lycées. Ce constat vient du syndicat majoritaire des proviseurs. La secrétaire académique du SNPDEN, Katie Moine, ne tarit pas d’éloges sur ces agents territoriaux : « Ils ont ouvert à la culture un certain nombre de lycéens qui en étaient éloignés. » Un autre proviseur, officiant dans un lycée professionnel de Poitiers, salue de son côté l’émergence « des résidences d’artistes » et la « dynamisation des internats ».

A partir de 2004, une centaine de personnels ont été recrutés par le conseil régional de Poitou- Charentes pour animer les maisons de lycéens, dotées d’un budget autonome. Douze ans plus tard, leur existence est remise en cause par la fusion des trois Régions et la naissance de la Nouvelle-Aquitaine. Comment harmoniser ce dispositif avec les autres régions Limousin et Aquitaine, où il n’existait pas ? Les animateurs culturels ne sont pas les seuls concernés. D’autres postes spécifiques ont été créés par la majorité de gauche de Ségolène Royal, au fil de ses dix ans de présidence : les conseillers tuteurs en insertion et les directeurs régionaux d’éducation. Installés dans chacun des dix bassins de l’académie de Poitiers, ils jouent le rôle d’interface entre la collectivité et les lycées, sur les questions d’entretien des bâtiments ou du matériel.

L'intersyndicale lance une pétition
Interrogé récemment sur l’avenir des animateurs culturels, lors d’une visite à Poitiers, le président de Nouvelle- Aquitaine, Alain Rousset, n’a pas souhaité répondre, « préférant avoir en amont une discussion avec ces personnels et les organisations syndicales ». Du côté de ces mêmes syndicats, c’est peu dire qu’on attend avec impatience cette rencontre. Car le problème semble plus large encore. Début octobre, l’intersyndicale (CFDT, CGT, FAFPT, FO, FSU, Unsa) a lancé une pétition destinée aux agents des anciennes régions et consacrée aux fameux « emplois spécifiques » de l’ex-Poitou-Charentes. Son titre : « Pour un processus de réorganisation transparent, équitable et respectueux de tous les agents. » La fusion des trois collectivités génère « beaucoup de mal-être et d’inquiétude », selon ce texte. Tout cela se caractérise notamment par un « défaut d’information » et une « incertitude sur le périmètre de certains pôles et de certaines directions » ou encore sur « le calendrier de mise en place de la réorganisation ». Les syndicats réclament aussi « le maintien des effectifs » et une « répartition équitable des types et niveaux de missions sur les trois sites de Bordeaux, Limoges et Poitiers ».

Dans le compte-rendu du Comité de dialogue social du 26 septembre dernier, l’intersyndicale s’inquiétait en ces termes : « Nous avons clairement signifié que cet apparent manque de maîtrise des élus donnait le sentiment que la Nouvelle-Aquitaine était un bateau ivre. » Que ce soit pour l’harmonisation des postes spécifiques ou la réorganisation des services, le nouvel exécutif va devoir accélérer la manoeuvre s’il veut échapper à un premier mouvement social.

Réorganisation : le mode d’emploi de la Région
Difficile d’éviter les doublons quand on fusionne les services de trois conseils régionaux aux missions semblables. En matière de réorganisation, « le choix fait par le président Rousset a été celui d’une large concertation, explique son service de presse. Pour cela, il a été nécessaire de prendre du temps plutôt que d’imposer dès le départ un organigramme global. » Aujourd’hui, les directeurs généraux adjoints (DGA) et la plupart des directeurs ont été nommés. « Les organigrammes ont été présentés aux représentants du personnel et discutés avec eux, dans le cadre des instances paritaires. Il reste maintenant à définir l’organisation par service dans chaque direction. » Ce travail sera achevé « d’ici la fin de l’année ». Pour l’intersyndical, les choses ne semblent pas être aussi simples.

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