Skhole d'Art ferme ses portes

Implantée à Poitiers depuis 1990, l’école d’esthétique Skhole d’Art ferme ses portes. La direction invoque des problèmes financiers, à la suite d’un procès perdu aux Prud’hommes. Une trentaine d’élèves doivent désormais trouver une nouvelle voie pour achever leur formation.

Florie Doublet

Le7.info

« Nous sommes attristés de vous annoncer la fin de notre activité, après vingtsept années de formation. » La rumeur bruissait déjà depuis plusieurs jours à Poitiers… Skhole d’Art a décidé d’officialiser la nouvelle la semaine dernière, en publiant ces quelques mots sur sa page Facebook. L’école d’esthétique, ouverte en 1990, ferme ses portes.

Une « triste décision » motivée par un « litige » qui l’oppose à l’une de ses anciennes salariées. En octobre 2015, Françoise Bernabé, directrice de l’établissement, est licenciée pour faute grave. D’après le conseil des Prud’hommes, Adrien Stéfanini, le gérant de l’établissement, lui reproche, entre autres, d’avoir refusé de modifier son contrat de travail, alors que l’entreprise rencontre, selon lui, des difficultés économiques. Un licenciement « abusif, sans cause réelle ni sérieuse » tranche le juge prud’homal qui s’étonne que l’entreprise « EURL Stefizen Esthetique » (*) ait embauché une deuxième directrice -Marcia Wielzen, compagne du gérant- « si elle allait si mal économiquement ». Dans son jugement rendu le 28 septembre, il condamne l’école à payer à la plaignante 41 616€ de dommages et intérêts et 23 582€ au titre de l’indemnité de licenciement. « Une somme qui met en péril la poursuite de l’activité », affirme, dans son message Facebook, la direction.

Une nouvelle école en gestation ?

Les quelques trente élèves inscrits doivent désormais trouver une solution d’urgence pour poursuivre leurs études. Certains parents avaient déjà pris leurs dispositions. « Nous n’avons été conviés à aucune réunion d’information, ma fille ne savait pas ce qu’elle allait devenir, explique Véronique, maman d’une étudiante de 20 ans. Je me suis démenée et j’ai décidé de la changer d’école. » « Agnès Pierrain », également implantée à Poitiers, a déjà promis d’« accueillir tous les élèves qui le souhaitent ». « Plusieurs d’entre eux sont venus récupérer des dossiers d’inscription, affirme la directrice. Si certains ne peuvent pas payer la scolarité, car ils ont déjà versé un acompte, nous aviserons. Personne ne sera laissé sur le carreau », ajoute-t-elle.

Très attachés à Skhole d’Art, les étudiants n’en sont pas moins dévastés. « Bien plus qu’une école, c’était pour nous le début d’une « nouvelle vie », remplie de joie et de bonne humeur », assure Maéva sur Facebook. « Ma fille est anéantie, perdue et malheureuse de devoir quitter son école avec des amis qu’elle s’était trouvés... », commente une maman.

De son côté Françoise Barnabé se dit, elle aussi, très attristée. Pour autant, elle ne se sent pas responsable. « Je reste très attachée à Skhole d’Art. Si j’avais pu, j’y serais restée jusqu’à ma retraite, assure-t-elle. »

Contactée à de multiples reprises, la directrice de Skhole d’Art Marcia Wielzen n’a pas souhaité répondre à nos questions, ni nous dévoiler ses intentions. On sait cependant qu’une SARL dénommée « Ecole Privée d’Esthétique et de Coiffure Carmai Formations » a vu le jour en mars dernier. Elle est domiciliée au 2, place Jean de Berry, l’emplacement exact de Skhole d’Art. Et sa gérante n’est autre que Marcia Wielzen…

(*) Nom juridique de Skhole d’Art.

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