TER Poitiers-Futuroscope cherche voyageurs

En décembre 2014, les collectivités territoriales inauguraient en grande pompe une nouvelle solution de transports pour les usagers de la Technopole. Deux ans plus tard, le dispositif TER-bus, reliant Poitiers, Châtellerault et le Futuroscope n’a toujours pas passé la barre des cent voyageurs quotidiens. Constat d’échec.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Rappelez-vous. En janvier 2015, nous consacrions un article au dispositif TER-bus lancé par la Région, le Département, Poitiers et Châtellerault, pour relier les deux agglomérations de la Vienne à la Technopole du Futuroscope. À l’époque, Jean-François Macaire et Claude Bertaud(*) comparaient cette nouvelle offre de services au RER parisien et tablaient sur un succès immédiat auprès des usagers de la Technopole.

Deux ans ont passé et les premiers chiffres sont tombés. Depuis janvier, la fréquentation de l’arrêt Futuroscope sur la ligne TER Poitiers-Châtellerault s’établit, en semaine, à 85 voyageurs par jour. Seulement voilà, les trains de cette ligne marquent pas moins de... 22 arrêts quotidiens. Pour faire simple, seuls quatre voyageurs descendent de chaque rame en gare du Futuroscope. Sur le papier, pourtant, l’offre est séduisante. La SNCF annonce un temps de trajet de neuf minutes seulement depuis Poitiers, entre douze et vingt minutes depuis Châtellerault, selon les gares desservies. En janvier 2015, nous avions testé le dispositif et avions été séduits par la rapidité du voyage. D’autant plus qu’une navette Vitalis part de la gare du Futuroscope après chaque arrivée de TER, pour desservir l’ensemble de la Technopole, jusqu’au Lycée pilote innovant international de Jaunay-Clan. Le tout pour 28,30€ par mois (56,50€, dont la moitié est prise en charge par l’employeur).

« Dans 80% des cas, nous voyageons à vide »

Alors, comment expliquer que la formule ne convainque pas plus les quelque 6 840 usagers de la Technopole ? « Dans les faits, l’interconnectivité entre le train et le bus est loin d’être parfaite, lance Pierre, un ingénieur travaillant sur le Téléport 2. Il y a des matins où il m’est arrivé d’attendre la navette plus de dix minutes ! Et d’autres où elle n’est tout simplement jamais venue. Depuis, je reprends la ligne Vitalis 1E, avec laquelle je suis sûr d’arriver à l’heure au bureau. »

En testant le dispositif le mois dernier, nous avons également été confrontés à un retard du bus Vitalis d’environ sept minutes. Interrogé sur le nombre d’utilisateurs quotidiens de la navette, le chauffeur n’a pas mâché ses mots. « C’est simple, dans 80% des cas, nous voyageons à vide. » Pour l’heure, malgré la faible affluence sur cette ligne, Vitalis maintient la fréquence quotidienne et ne semble pas décidé à remplacer le bus par le minibus.

La Région, de son côté, se féliciterait presque des chiffres qu’elle avance. « Dans un contexte difficile pour le TER, la fréquentation de l’arrêt Futuroscope s’est consolidée en 2016 », souligne le service communication de la Nouvelle-Aquitaine. Entre 2015 et 2016, le nombre de voyageurs a augmenté de 13% pendant l’hiver, mais baissé de 6% pendant l’été. Suffisant pour garantir l’utilité du dispositif ? Rien n’est moins sûr.

(*) A l’époque, présidents de la Région et du Département.

 

Moins de voyageurs en Poitou-Charentes

Dans son bilan technique et financier 2015 remis à la Région, la SNCF note une baisse du trafic TER de 2,5% par rapport à 2014, en Poitou-Charentes. Le taux de régularité diminue lui aussi (-2,2%) et s’établit à 90,70%. Autrement dit, un train sur dix arrive avec un retard de plus de cinq minutes. Par ailleurs, le taux de suppression des trains s’élève à 4,01%, dont 2,37% pour cause de travaux et 0,89% pour cause de mouvements sociaux. Malgré cela, la moyenne globale de satisfaction des usagers reste au dessus des 90%, malgré une baisse de 3% en un an.

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