Les Départements à l’offensive

Le 86e Congrès de l’Assembée des départements de France se tient, de mercredi à vendredi, au Palais des congrès du Futuroscope. A six mois des Présidentielles, son président Dominique Bussereau mène la fronde sur un ton virulent. De son côté, le patron de la Vienne Bruno Belin se veut « constructif ».

Arnault Varanne

Le7.info

« Demain, les Départements ne pourront plus payer le RSA », « Demain, les Départements ne pourront plus lui assurer une aide à domicile pour son quotidien », « Demain, les Départements ne pourront plus lui assurer la présence d’une aide maternelle »… Du 19 au 24 septembre derniers, l’Assemblée des Départements de France (ADF) a frappé très fort avec une campagne de com’ censée marquer les esprits. Sous le slogan, « 102 départements en danger, 62 millions de raisons de se mobiliser », cette «Semaine de mobilisation» n’a pas été du goût de tout le monde. « C’était une campagne populiste, estime Sandrine Martin, cheffe de file de l’opposition socialiste au Conseil départemental de la Vienne. Du grand n’importe quoi ! L’ADF, plutôt consensuelle et constructive, ne nous avait pas habitués à cela.»

A telle enseigne que Bruno Belin (LR) n’a pas souhaité la relayer. « Je n’étais pas d’accord avec cette approche et je l’ai dit à Dominique Bussereau… » A la veille de recevoir le 86e Congrès de l’Assemblée des Départements de France, le patron de la Vienne entend faire passer son message. « Nous devons être force de propositions et pas seulement sur une position défensive ! » (*) N’empêche, le fossé entre l’Etat et les collectivités locales se creuse au fil des années. Notamment parce que certaines compétences, comme le financement du RSA et des solidarités, grève leur budget. « Depuis 2012, c’est 174M€ de manque pour la Vienne », avance encore Bruno Belin. Jusque-là, aucun mécanisme de compensation n’a permis de réduire la douloureuse. D’où l’augmentation spectaculaire des impôts lors du dernier budget (+ 19,6%). 

« Pas un échelon inutile »

De fait, les Départements se considèrent comme les mal-aimés du millefeuille français. Entre le marteau des grandes Régions et l’enclume des intercommunalités, ils se sentent à l’étroit. D’ailleurs, en 2014, Manuel Valls avait annoncé leur suppression à l’horizon 2021, avant de se raviser devant la fronde des élus locaux. Le même Premier ministre a ravi… les Régions, la semaine passée, à Reims, en annonçant un changement du mode de leur financement. Il y a peu de chances qu’il soit « au rendez-vous du Futuroscope », n’ayant pas d’annonces fracassantes à communiquer. « Considérer le Département comme un échelon inutile voire superflu m’agace, prolonge le politologue poitevin Dominique Breillat. Nos gouvernants sont, pour la plupart des gens qui n’ont jamais franchi le périphérique et ne voient pas la relation de proximité qui lie les habitants d’un territoire à leur Département ! Nous avons besoin de cet échelon intermédiaire. » Aux élus de se montrer convaincants cette semaine.   

(*) Bruno Belin profitera du Congrès de l’ADF pour présenter un Livre blanc, issu des Etats généraux de la ruralité. Une projection à l’horizon 2025 agrémentée de propositions sur des thèmes aussi divers que l’agriculture, la santé, les transports… 

 

Un plateau de choix
Au-delà du ministre de l’Aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales, Jean-Michel Baylet, dont le discours sera très attendu, le Congrès de l’ADF réunira des personnalités de premier plan, comme l’essayiste et économiste Nicolas Bouzou, le président de la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale, Louis Gallois… Près de huit cents congressistes sont attendus. En revanche, on ne sait pas encore quels candidats à la Primaire de la droite et du centre honoreront le rendez-vous. 

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