Aujourd'hui
La méthanisation retrouve de l’énergie
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : samedi 01 octobre 2016Après Métha Bel-Air créée en 2011, à Linazay, une deuxième unité de méthanisation va être inaugurée aujourd'hui, dans la Vienne. Porté par Yves Debien, co-dirigeant de La Baie des Champs, à Sèvres- Anxaumont, ce projet a mis huit ans à se concrétiser…
26 août 2008. « C’est la date exacte à laquelle j’ai déposé un premier dossier pour mon projet de biométhanisation », rappelle Yves Debien, co-dirigeant avec Eric Sabourin de La Baie des Champs, à Sèvres-Anxaumont. Après huit années de procédures, l’unité de biométhanisation sera inaugurée aujourd'hui. « Nous attendons ce moment depuis très longtemps, assure l’éleveur porcin. L’accouchement a été difficile, mais je suis un papa comblé ! »
Yves Debien a notamment fait face à la fronde des « PCM, alias les Pas Chez Moi (*) », qui ont multiplié les recours contre son projet (lire « 7 » n°220). « Mais l’heure n’est plus à la polémique, s’empresse-t-il d’ajouter. Aujourd’hui, je veux mettre l’accent sur les aspects positifs de la méthanisation. » L’agriculteur prévoit de recycler douze mille tonnes de déchets par an, dont 65% seront issus de son exploitation. « Le reste proviendra d’industries agroalimentaires comme l’abattoir de Saint-Maixent ou l’huilerie de Chalandray. »
L’unité produira 250kW/heure, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 1 800 habitants. « C’est à peu près la population de Sèvres-Anxaumont », précise l’éleveur, également élu municipal. Le digestat -résidus issus du processus de méthanisation- est, lui, « un engrais organique qui apportera des éléments nutritifs aux plantes ».
Un bon potentiel
Cette unité n’est que la deuxième à sortir de terre dans la Vienne. Construite en 2011, Métha Bel Air, à Linazay, a permis d’économiser 2 200 tonnes de gaz à effet de serre, ce qui représente un parc automobile de plus de six cents voitures. Une quinzaine de projets similaires sont en cours d’instruction, à des stades variés, si l’on en croit l’association Vienne Agri Metha. « Le processus nécessite énormément de temps, explique Hélène Berhault-Gaborit, sa porte-parole. Quatre à huit ans d’études sont nécessaires en fonction de l’importance du projet. Notre rôle est justement d’accompagner au mieux les agriculteurs. »
D’après les statistiques de l’Agence régionale d’évaluation Environnement et climat (Arec), la méthanisation ne contribue qu’à 7% au sein de la production d’électricité renouvelable en (ex)-Poitou-Charentes. Le potentiel est pourtant énorme en Nouvelle-Aquitaine. Il représente 2 300 GWh, soit plus de la consommation d’énergie annuelle de la ville de Paris.
(*) Expression utilisée par l’ancien préfet de la Vienne, Bernard Tomasini.
Le coût de cette unité s’élève à 2M€. Yves Debien a pu bénéficier de subventions de l’ex-Région et de l’Ademe, à hauteur de 10%. « Davantage que les subventions, j’aimerais surtout que les tarifs de rachat soient connus une bonne fois pour toutes », plaide-t-il. Le 19 mai 2011, un arrêté ministériel avait fixé ce tarif à 0,16s du kilowatt-heure. Le 30 octobre 2015, un nouvel arrêté le portait 0,20s. « Mais, un an après, il n’est toujours pas en application, s’agace l’éleveur. Je ne sais pas encore exactement à quel prix je vais revendre mon électricité. »
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.