La méthanisation retrouve de l’énergie

Après Métha Bel-Air créée en 2011, à Linazay, une deuxième unité de méthanisation va être inaugurée aujourd'hui, dans la Vienne. Porté par Yves Debien, co-dirigeant de La Baie des Champs, à Sèvres- Anxaumont, ce projet a mis huit ans à se concrétiser…

Florie Doublet

Le7.info

26 août 2008. « C’est la date exacte à laquelle j’ai déposé un premier dossier pour mon projet de biométhanisation », rappelle Yves Debien, co-dirigeant avec Eric Sabourin de La Baie des Champs, à Sèvres-Anxaumont. Après huit années de procédures, l’unité de biométhanisation sera inaugurée aujourd'hui. « Nous attendons ce moment depuis très longtemps, assure l’éleveur porcin. L’accouchement a été difficile, mais je suis un papa comblé ! »

Yves Debien a notamment fait face à la fronde des « PCM, alias les Pas Chez Moi (*) », qui ont multiplié les recours contre son projet (lire « 7 » n°220). « Mais l’heure n’est plus à la polémique, s’empresse-t-il d’ajouter. Aujourd’hui, je veux mettre l’accent sur les aspects positifs de la méthanisation. » L’agriculteur prévoit de recycler douze mille tonnes de déchets par an, dont 65% seront issus de son exploitation. « Le reste proviendra d’industries agroalimentaires comme l’abattoir de Saint-Maixent ou l’huilerie de Chalandray. »

L’unité produira 250kW/heure, soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 1 800 habitants. « C’est à peu près la population de Sèvres-Anxaumont », précise l’éleveur, également élu municipal. Le digestat -résidus issus du processus de méthanisation- est, lui, « un engrais organique qui apportera des éléments nutritifs aux plantes ».

Un bon potentiel

Cette unité n’est que la deuxième à sortir de terre dans la Vienne. Construite en 2011, Métha Bel Air, à Linazay, a permis d’économiser 2 200 tonnes de gaz à effet de serre, ce qui représente un parc automobile de plus de six cents voitures. Une quinzaine de projets similaires sont en cours d’instruction, à des stades variés, si l’on en croit l’association Vienne Agri Metha. « Le processus nécessite énormément de temps, explique Hélène Berhault-Gaborit, sa porte-parole. Quatre à huit ans d’études sont nécessaires en fonction de l’importance du projet. Notre rôle est justement d’accompagner au mieux les agriculteurs. »

D’après les statistiques de l’Agence régionale d’évaluation Environnement et climat (Arec), la méthanisation ne contribue qu’à 7% au sein de la production d’électricité renouvelable en (ex)-Poitou-Charentes. Le potentiel est pourtant énorme en Nouvelle-Aquitaine. Il représente 2 300 GWh, soit plus de la consommation d’énergie annuelle de la ville de Paris.

(*) Expression utilisée par l’ancien préfet de la Vienne, Bernard Tomasini.
 

La méthanisation retrouve de l’énergie

Le coût de cette unité s’élève à 2M€. Yves Debien a pu bénéficier de subventions de l’ex-Région et de l’Ademe, à hauteur de 10%. « Davantage que les subventions, j’aimerais surtout que les tarifs de rachat soient connus une bonne fois pour toutes », plaide-t-il. Le 19 mai 2011, un arrêté ministériel avait fixé ce tarif à 0,16s du kilowatt-heure. Le 30 octobre 2015, un nouvel arrêté le portait 0,20s. « Mais, un an après, il n’est toujours pas en application, s’agace l’éleveur. Je ne sais pas encore exactement à quel prix je vais revendre mon électricité. »

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