Les bus Macron font le plein

En septembre 2015, le « 7 » consacrait un article à l’arrivée des lignes de bus low-cost dans la Vienne. Un an après, les autocars Macron ont remporté leur pari et séduisent grâce à des prix défiant toute concurrence. Aujourd’hui, vingt-trois destinations directes sont desservies au départ de Poitiers.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Mardi matin, à la gare routière de Poitiers. L’effervescence sur le quai dénote avec le calme habituel du grand hall du boulevard du Grand-Cerf. Une cinquantaine de voyageurs attendent l’arrivée des cars à destination de Paris et Bordeaux. Elsa, 22 ans, ne jure que par le bus pour ses trajets longue distance. « Je suis souvent amenée à bouger, dans le cadre de mon travail de photographe, explique la jeune Nantaise. Je suis venue passer trois jours à Poitiers et suis attendue ce soir à Biarritz. Le train était bien trop cher. En bus, j’en ai pour 26€. »

Rappelez-vous. Il y a un an tout juste, nous consacrions un article à l’arrivée des « bus Macron » à Poitiers. À l’époque, pas moins de six compagnies d’autocars avaient affiché leur volonté de desservir Poitiers. Douze mois plus tard, seules trois continuent de s’arrêter dans la ville aux cent clochers. « Ça ne veut pas dire qu’il y a moins de bus, bien au contraire, explique Karim, chauffeur pour Flixbus. Trois compagnies ont vraiment trusté le marché et racheté les concurrents. » Aujourd’hui, les cadors du secteur se nomment Flixbus, Ouibus (la filiale de la SNCF) et Isilines. Ils ont généré à eux trois un chiffre d’affaires global de 40M€ depuis la libéralisation du marché en août 2015. Le premier cité se targue d’avoir fait voyager deux millions de personnes en douze mois. « C’est encore peu, comparé aux cent millions de voyageurs annuels de la SNCF sur les grandes lignes, explique un agent de la gare routière. Mais cela montre le réel engouement pour l’autocar. Même si les temps de trajet sont plus longs, les clients apprécient le prix attractif, le confort à bord et la possibilité de se connecter au Wi-fi. »

« Rentabiliser le business »

À ce jour, 193 villes françaises, dont 127 de moins de 50 000 habitants, sont desservies par les compagnies de cars Macron. Depuis Poitiers, il est possible de se rendre dans vingt-trois destinations(*), sans correspondance. « C’est plus du double comparé à l’an passé, explique Julien, étudiant en alternance, qui passe deux semaines à Toulouse chaque mois. Cet été, j’ai vagabondé un peu partout en France. À chaque fois que je voulais aller quelque part, je trouvais une ligne de bus pas chère. » Julien, comme Elsa, notent toutefois une légère hausse des prix depuis l’arrivée des bus Macron. « Je me souviens avoir fait Poitiers-Toulouse pour 1€ en octobre dernier, reprend l’étudiant. Maintenant, c’est minimum 15€. Ça reste beaucoup moins cher que tous les autres moyens de transport, mais on voit bien que les compagnies veulent rentabiliser leur business. »

Pour Flixbus comme pour ses concurrents, 2015 et 2016 auront permis de fidéliser la clientèle, mais aussi de faire apparaître certaines limites du voyage en car. Début septembre, le patron du leader national, Pierre Gourdin, reconnaissait être « parti trop vite et trop fort », avant d’annoncer la fermeture de la ligne Bordeaux-Lyon, via Limoges, jugée trop peu rentable. À l’échelle nationale, le nombre de départs quotidiens a baissé dans 42% des villes. Ce qui a entraîné une remontée conséquente du taux moyen d’occupation des autocars, qui s’établissait à 40,7% avant l’été. La haute autorité du rail et de la route, l’Arafer, comptabilisait, dans son dernier rapport en date du 15 septembre, plus de 3,4 millions de voyageurs depuis l’ouverture du service. Au 30 juin dernier, le secteur employait au total plus de deux mille équivalents temps plein, avec une création nette de mille trois cent cinquante emplois depuis la libéralisation du marché.

(*)Paris, Orléans, Tours, Limoges, Brive, Montauban, Toulouse, Bordeaux, Bayonne, Biarritz, Lille, Arpajon, Versailles, Champigny-sur-Marne, La Rochelle, Rochefort, Saintes, Royan, Nantes, Cholet, Bressuire, Saint-Martin-de-Ré, Rivedoux-Plage.

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