Zico, de la prison à la reconstruction

Jusqu’en juin 2017, le « 7 » vous propose de découvrir le parcours de (ré)insertion de Zico Leidsner Landwield. A 32 ans, ce Surinamien, père de cinq enfants, a passé plusieurs mois en détention, pour trafic de drogue. Mais il y a une vie après la prison…

Son français est approximatif, son anglais meilleur, son néerlandais excellent. Comme beaucoup de ses compatriotes surinamiens, Zico Leidsner Landwield est un creuset de cultures à lui seul. Le voilà rendu à Poitiers, loin, très loin du berceau de son enfance et de la Guyane, qui l’a vu devenir père de famille. Seulement voilà, les aléas d’une vie mouvementée ont eu raison de ses envies de stabilité. Récit du jour où tout a basculé. Le 19 mai 2015. « J’arrivais à l’aéroport de Paris depuis la Guyane. J’ai tout de suite compris que les douaniers allaient m’arrêter. » Dans son corps, Zico Leidsner transporte… neuf cent trente grammes de cocaïne, pour le compte d’un réseau de trafiquants guyanais. 

Numéro de cellule 418

Le « deal » s’est noué quelques semaines plus tôt, alors que le Surinamien doit une centaine d’euros à ses créanciers. Lesquels lui proposent de se transformer en mule. « Je n’avais pas le choix. La Caisse d’allocations familiales ne nous versait plus d’argent depuis sept mois et j’étais sans boulot. Je voulais nourrir ma femme et mes enfants. » Retour au printemps 2015. De l’aéroport à l’hôpital et de l’hôpital au tribunal correctionnel de Créteil, son existence tourbillonne. Douze mois ferme. A Fresnes. « Numéro de cellule 418, quatrième étage. C’est gravé dans ma mémoire. » En prison, Zico multiplie les petits boulots pour « envoyer de l’argent à sa femme ». Il apprend aussi à esquiver les coups. «Je ne voulais pas me bagarrer, j’ai encaissé la violence des autres détenus. » L’insalubrité des cellules le laisse aussi perplexe. Heureusement, le Surinamien est libéré le 27 novembre 2015. Avec obligation de porter un bracelet électronique et de pointer au commissariat à intervalles réguliers. 

Retour à Vivonne

Quelques semaines plus tôt, sa femme Sylvia et leurs cinq enfants (11, 9, 3, 2 ans et 11 mois aujourd’hui) ont débarqué à… Poitiers, sur les conseils de leurs proches qui habitent ici. Après sa libération, Zico s’apprête à les rejoindre mais se trompe de métro et rate donc le TGV qui doit le mener vers l’ex-capitale régionale. Erreur majuscule. « Des policiers ont tapé à la porte de la maison et je n’y étais pas… » Pour ce défaut de « présentation », il écope de onze jours supplémentaires de détention, à Vivonne cette fois. Jusqu’à sa sortie définitive en décembre dernier et l’abandon du bracelet électronique, le 7 janvier 2016. 

« Dehors, ce n’est pas facile. Rien n’est simple. Je dois de l’argent aux douanes (la condamnation inclut une amende de 60 000€, Ndlr) et je cherche du travail. J’ai une piste avec une entreprise de peinture, j’espère que ça va marcher. Vous savez, je veux juste vivre tranquillement avec ma famille et donner un avenir à mes enfants… » Rendez-vous dans un mois, pour connaître l’évolution de sa situation en temps réel. Chemin de croix ou de roses ?... 



Un job sinon rien

Si Zico Leidsner Landwield a quitté le Surinam, en 2002, c’est précisément pour échapper à la misère et à la précarité galopante. « L’un de mes oncles m’avait parlé d’un chantier à effectuer en Guyane. Il fallait refaire une salle de bains à neuf. Mais je n’ai jamais été payé pour ce travail et je n’avais donc pas les moyens de revenir au pays. » Dans son malheur, Zico a eu la chance de croiser la route de Sylvia, qu’il a épousée en 2010. 

Formalités : Audacia en facilitateur

Dans la jungle administrative, sociale et économique, Zico Leidsner Landwield peut compter sur un partenaire de choix. Audacia, dont nous étions partenaires, la saison passée, sur la série « Les Oubliés de la vie », accompagne le néo-Poitevin sur le chemin de la reconstruction. C’est cette association qui lui a permis de trouver un logement et de répondre à toutes les formalités administratives. « Audacia fait du super boulot pour nous ! », s’enthousiasme Zico. Son référent s’appelle Patrick Boyer et dépend du Pôle enfance-famille.