Quand l’école rhabille les excentricités

« Tenue correcte exigée. » La mention est inscrite noir sur blanc dans la plupart des règlements intérieurs des collèges de l’académie de Poitiers. Elle laisse néanmoins place à l’interprétation...

Les beaux jours jouent les prolongations. Pour de nombreux adolescents, la tentation est grande de franchir la grille de leur collège ou lycée en tenue légère... « Mais nous ne sommes plus en vacances ! Les shorts et vêtements de plage ne sont pas tolérés », lâche Rachel Marquer, la principale du collège de Buxerolles. Le règlement intérieur se veut d’ailleurs très clair à ce sujet : « tenue correcte exigée ».

La formule revient souvent, mais son interprétation varie en fonction des établissements... Officiellement, la loi française interdit, dans les écoles, collèges et lycées publics, les signes ou tenues qui manifestent ostensiblement une appartenance religieuse, au nom du principe de laïcité. Point. En revanche, il n’est fait aucune mention de ce qu’est une « tenue correcte ». Au collège Camille-Guérin de Vouneuil-sur-Vienne, les « pantalons troués et à taille basse, les jupes ou robes au-dessus des genoux ainsi que les shorts » sont strictement prohibés. « Nous n’appliquons pas un « dress code », coupe le principal, Pierre Alix. Les vêtements doivent être adaptés aux circonstances. Et les jeunes doivent le comprendre. C’est tout ! »

Au collège Henri-IV, à Poitiers, la consigne est connue de tous : « pas de sous-vêtements apparents ». Les jeans taille basse laissant entrevoir le boxer ou les débardeurs aux décolletés trop plongeants restent au placard. « C’est une histoire de correction, tout simplement », note Philippe Millet. Le principal assure que très peu d’élèves tentent de contourner le règlement. « Ils l’acceptent parfaitement. Et puis, à cet âge-là, les adolescents veulent remporter l’adhésion du groupe. Il est mal vu de se dé- marquer... »

L'affaire du crop-top

Certes, mais les collégiens sont aussi sensibles aux modes. Celle du « crop-top » -t-shirt coupé au dessus du nombril- a fait fureur au printemps dernier. Pour autant, peu d’établissements ont expressément interdit aux élèves d’en porter. « Ils savent pertinemment que cela ne fait pas partie de la panoplie d’une tenue « décente », affirme Rachel Marquer. Nous n’allons pas dresser une liste de ce qui est proscrit, alors que les tendances évoluent très rapidement. »

Qui plus est, chaque modification du règlement intérieur doit être validée en conseil d’administration. Le document est ensuite soumis au rectorat, qui en vérifie la légalité. « La grande majorité des établissements se contentent de demander le port d’une tenue « adaptée » et cela suffit amplement, affirme Vincent Planet, proviseur de vie scolaire de l’académie de Poitiers. Il ne sert à rien d’être trop précis. Le port de la cravate, par exemple, n’est pas recommandé pour des lycéens en atelier mécanique, mais parfaitement indiqué pour ceux qui étudient le commerce. » Que les élèves se rassurent, le retour de la blouse n’est pas pour tout de suite. Au moins dans les établissements publics...