Aujourd'hui
Une intuition devenue institution
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 13 septembre 2016Jusqu’en juin 2017, date du trentième anniversaire du Futuroscope, la rédaction vous propose une plongée dans les arcanes du deuxième parc de loisirs français. Premier épisode : la genèse. Ancien directeur de cabinet de René Monory, Philippe Mouroux était aux premières loges.
La gauche au pouvoir
En 1981, après trois ans au ministère de l’Economie, René Monory se retrouve sans mandat national. François Mitterrand a investi l’Elysée et le « Shérif » s’imagine placer la Vienne sur la carte de France, en créant « quelque chose sur un thème qui va bouleverser le monde : les nouvelles technologies ». Au côté du patron du Département, Philippe Mouroux se souvient de ces premiers instants où l’intuition de son patron, directement inspiré par Thierry Breton, prit naissance. « Il y a un troisième homme dont il ne faut pas négliger le rôle, ajoute-t-il. Albert Ducrocq, à l’époque journaliste scientifique sur Europe 1, a contribué aux premières réflexions. »
De la Californie à la Floride
Au fil des mois et des rencontres, l’Observatoire ou du Futur, c’est selon, prend corps… sans soulever un enthousiasme démesuré au Conseil général. Le projet initial ne prévoit la construction que « d’un ou deux bâtiments sur une zone de cinq hectares ». Avec déjà, toutefois, l’idée du triptyque actuel, autour du loisir, de la formation-recherche et de l’entreprise. « C’était le démarrage de la Silicon Valley et René Monory m’avait demandé d’y organiser un voyage avec quelques élus, se souvient Philippe Mouroux. J’ai appelé Albert Ducrocq qui m’a dit ceci : « Là-bas, il n’y a que des hangars et des gens en devenir ! » Il m’a plutôt conseillé de nous rendre à Epcot, où Disney avait bâti son nouveau parc. » En avril 84, le déclic est immédiat. Et l’idée de créer un parc thématisé sur les rails. L’expo universelle de Tsukuba (Japon) consacre un peu plus l’image comme emblème de ce nouvel écrin ludo-pédagogique. « C’était le début de l’Imax. La Villette possédait déjà sa Géode, avec un écran dédié à la technologie. »
Une architecture marquée
Qu’à cela ne tienne, Monory l’ambitieux décide que « le plus grand écran Imax d’Europe (600m2) verrait le jour ici ». Fort de ces quelques certitudes, le futur ministre de l’Education nationale passe de la théorie à la pratique, avec l’avènement d’un premier pavillon emblématique, puis du Kinémax. A ses côtés, un jeune architecte repéré lors d’un appel à projets à Loudun. Le maître d’œuvre consacrera une bonne partie de sa carrière au Futuroscope, avec des partis pris détonants et révolutionnaire au début des années 80.
Plus qu’un nom, un emblème
Tiens, au fait, qui a « accouché » du nom Futuroscope ? Peu de gens le savant, mais c’est le journaliste Albert Ducrocq qui l’a suggéré à René Monory et son premier cercle de fidèles, à la fin de l’année 83. Mouroux était autour de la table. « J’avoue que j’étais un peu réservé au départ, notamment à cause de la proximité avec le mot horoscope. Et puis finalement, le terme Futuroscope s’est imposé, avec le succès qu’on sait aujourd’hui. »
Quelle étude de marché ?
Au Conseil général, la tiédeur avec laquelle le Futuroscope a été accueilli a poussé les élus de l’opposition de gauche à demander une étude de marché sur le projet. « Monory n’en voulait pas, mais l’a tout de même commandée, rappelle Philippe Mouroux. Je me souviens que la personne chargée du rapport nous avait appelés pour nous demander quelle chiffre il devait indiquer en face de la case fréquentation. Il n’y avait aucun équivalent, pas de point de comparaison ! »
Les grandes dates
1981. Ministre de l’Economie sous Giscard, René Monory quitte son poste après l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République.
24 octobre 1983. Naissance officielle de l’Observatoire du Futur, entérinée au Conseil général.
11 décembre 1984. Pose de la première pierre du Futuroscope, en présence de nombreux officiels et journalistes.
4 février 1985. Le Département décide la création d'un espace plus vaste, le « Parc du futur », avec plusieurs pavillons thématiques (cinéma, santé, agriculture, temps, communication).
Novembre 1985. Le chantier du Kinémax est lancé. Le plus grand écran d’Europe s’apprête à voir le jour.
Le mois prochain, découvrez l’épisode 2 de notre série : le chantier et l’effervescence de l’ouverture.
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Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.