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« C’est un nouveau Mediator. » Entre colère et culpabilité, le coeur d’Angelina Nau balance. La maman de Dimitri (18 ans), Kilian (13 ans) et Maël (2 ans et demi) a pris de la Dépakine tout au long de ses grossesses. Cet antiépileptique est accusé de provoquer des retards de développement du foetus. « Même enceinte, le corps médical m’a assuré que je devais continuer mon traitement, explique cette habitante de Lencloître. Aujourd’hui, j’en veux au laboratoire Sanofi, mais je n’arrive pas à m’enlever de la tête que c’est aussi de ma faute. »
Ses trois enfants souffrent de troubles du langage et du comportement. « J’ai toujours senti que quelque chose n’allait pas », souffle-t-elle. Difficultés de concentration à l’école, écriture catastrophique, crises de colère... « J’ai vu Kilian se frapper la tête contre les murs et Dimitri se fâcher tout rouge parce qu’il ne réussissait pas à trouver ses mots, raconte la mère de famille. Mes enfants se faisaient traiter de « débiles » par leurs petits camarades. Ils s’isolaient et je ne pouvais rien faire. »
« Tout était lié à la Dépakine »
Angelina s’est longtemps demandé pourquoi ses enfants étaient « différents ». Ce n’est qu’en mars dernier, qu’elle a enfin trouvé la réponse. Le magazine « Sept à Huit », sur TF1, a diffusé « Les enfants Dépakine », un reportage dans lequel témoigne Laurence, une mère de famille elle aussi à bout de souffle. « Je me suis reconnue dans toutes les situations décrites. Toutes. Les mauvais résultats scolaires, les problèmes d’apprentissage de la propreté, de la marche et de la parole. J’ai su que tout était lié à la Dépakine. »
Un diagnostic confirmé début août par le docteur Journel, généticien à Vannes, dans le Morbihan. Depuis, la mère de famille multiplie les rendez-vous chez les spécialistes. Orthophoniste, ergothérapeute… « Je veux que Kilian réapprenne à écrire et à se servir d’un ordinateur pour taper ses cours rapidement. Que Dimitri puisse trouver un travail, voler de ses propres ailes. Pour le moment, je reste inquiète. »
Angelina est soutenue dans son combat par l’Apesac, l’association d’Aide aux parents d’enfants souffrant du syndrome de l’anti- convulsivant « Elle m’a guidée dans les différentes démarches à entamer, explique-t-elle. J’ai déposé un dossier de reconnaissance de handicap qui sera traité dans cinq à six mois. Je ne peux pas baisser les bras. Si je ne me bats pas, qui le fera ? »
(*) Le mercredi 24 août dernier, le ministère des Affaires sociales et de la Santé a rendu publics les premiers résultats d’une étude autour de la Dépakine. 14 322 femmes enceintes auraient été exposées entre 2007 et 2014.
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