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Les services à la personne en panne de recrues
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 22 août 2016Le secteur des services à la personne peine à recruter du personnel qualifié. Dans la Vienne, des dizaines d’offres d’emploi proposées par divers organismes (1) ne sont pas pourvus.
Douze offres d’emploi en CDI… et aucun candidat en façe. Stéphane Gauvin, co-gérant d’AD Seniors, à Poitiers, ne comprend pas pourquoi il a tant de mal à attirer du personnel qualifié. « Dans les meilleures semaines, nous recevons trois à quatre curriculum vitae, détaille-t-il. Et seulement 10% s’avèrent exploitables. »
Il n’est pas le seul employeur dans cette situation. La pénurie de candidats touche tous les secteurs des services à la personne : aide à domicile, ménage, garde d’enfants… 90% des chefs d’entreprise concernés déclarent rencontrer des difficultés à embaucher (2). « La population française vieillit et les seniors préfèrent rester chez eux. Les familles veulent aussi se dégager du temps pour profiter de leurs loisirs. Nous sommes très régulièrement en période de recrutement », détaille Éléonore Paquet, responsable de l’agence poitevine O2 qui emploie à l’heure actuelle quatre-vingt-six salariés.
Douze postes de garde d’enfants en CDI restent à pourvoir. D’ailleurs, un job dating est organisé le 31 août pour dénicher les perles rares. Les profils recherchés sont variés : étudiants, mères de famille, mais aussi « mamies-nounous »… « Des quinquas ou sexagénaires qui veulent continuer à travailler, gagner un complément de retraite ou simplement occuper leur temps libre. »
Pour motiver les hypothétiques candidats, les organismes de services à la personne n’hésitent pas à se montrer « souples ». « Nous essayons de répondre aux attentes de nos salariés, affirme Éléonore Paquet. Si une maman ne souhaite pas travailler le mercredi après-midi, c’est tout à fait négociable. Nous proposons également des formations en interne pour faire évoluer notre personnel. À Poitiers, 35% des salariés encadrants ont débuté comme aide à domicile. » Pour autant, la pile de CV n’atteint pas des sommets…
Des métiers à valoriser
Comment expliquer ce « désintérêt » pour un secteur en plein boom ? Première hypothèse, le salaire moyen (10€ brut/heure) ne serait pas à la hauteur du niveau de qualification demandé. La plupart des organismes emploient des titulaires d’un BEP carrière sanitaire et sociale ou d’un diplôme d’état d’auxiliaire de vie ou d’aide-soignant. « Si le ou la candidate n’a pas le niveau d’études adéquat, nous demandons au minimum trois ans d’expérience, explique Stéphane Gauvin. C’est normal, nous ne pouvons pas laisser n’importe qui rentrer dans le domicile, donc dans l’intimité, de nos clients. » Du coup, beaucoup préfèrent travailler directement auprès de particuliers, qui rémunèrent mieux.
Enfin, les stéréotypes autour des « nounous » et « femmes de ménage » ont encore la vie dure. « Ce sont des métiers qui méritent d’être valorisés et qui, à mon sens, nécessitent un véritable engagement, affirme Jean-Louis Guilbaud, président de la Fédération de la Vienne de l’ADMR (Aide à domicile en milieu rural). Les intervenants apportent un confort de vie aux gens, ce n’est pas rien ! » Eliane ne dira pas le contraire. La dynamique octogénaire fait toute confiance à « une adorable jeune femme » pour l’aider au quotidien. Louise, la jeune femme en question, est employée par Quoti-Clain et ne regrette pas son engagement auprès des seniors. « On veille sur quelqu’un, c’est très gratifiant ! » « C’est l’essence même du métier, assure son employeur, Vincent Delsart. Il faut le faire avec passion. »
(1)Il existe quatre-vingt-dix-huit organismes (entreprises ou associations) d’aide à la personne dans la Vienne.
2)Etude Insee « Le recrutement au coeur des difficultés des entreprises de services à la personne ».
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.