Les révoltés de la Chauvinerie

A Poitiers, plusieurs riverains de la rue de Chauvinerie s’insurgent contre l’émergence du Centre d’hébergement d’urgence sociale de la Croix-Rouge, dans un immeuble appartenant à Logiparc. La Ville se veut rassurante, mais ne convainc pas.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis la mi-novembre, le 39, rue de la Chauvinerie abrite trente-cinq migrants en provenance de Calais. L’immeuble appartenant au bailleur social Logiparc a été réquisitionné à la hâte par la Ville de Poitiers pour y ouvrir ce centre d’accueil et d’orientation. Mais à l’avenir, le bâtiment servira de « QG » et de Centre d’hébergement d’urgence sociale (CHRU) à la Croix- Rouge(*). Avec une extension programmée de l’édifice actuel que les riverains ne digèrent pas. Depuis plusieurs semaines, ils tempêtent contre le projet, multipliant pétitions, manifs et rencontres avec les décideurs. « Regardez, commente Fabrice Nicpon, sur le plan montré par l’architecte, le pignon de l’extension de 400m2 s’arrête à quelques mètres de ma clôture. Ce n’est pas acceptable ! »

Un an plus tôt, les riverains de la rue de la Chauvinerie avaient pourtant compris que des logements sociaux seraient érigés ici. Dans un courrier daté du 29 mai 2015, la directrice de Logiparc Stéphanie Bonnet avait même indiqué que le bailleur social « informerait en priorité les riverains de la maturité du programme d’aménagement et des études ». Visiblement, les besoins (légitimes) exprimés par la Croix-Rouge ont changé ladonne. Nuisances sonores, intensification du trafic, problèmes de stationnement, comportement du public accueilli... Les riverains s’inquiètent désormais pour l’avenir de leur quartier. « Trente-cinq personnes, c’est 60% du logement d’urgence sociale de Poitiers », s’étrangle Stéphanie Lenormand, propriétaire d’une maison située plus bas dans la rue. Qui craint, comme ses voisins, « une dépréciation des biens ».

« Pas de problèmes de voisinage »

La réunion de « conciliation » du 13 juin dernier n’a fait qu’accentuer le fossé qui sépare les promoteurs du projet de CHRU des « révoltés de la Chauvinerie ». « Tous les exemples récents, notamment le CHRS d’Audacia rue des Herbaux, montrent que ce type de foyers ne crée pas de problèmes de voisinage », assure Bernard Cornu, adjoint à l’Urbanisme. L’élu confirme au passage que la Chauvinerie est le seul lieu à l’étude, contrairement à ce que la préfecture avait indiqué au collectif. Quant à la proximité immédiate des habitations, il fait remarquer que « la Ville sera attentive au respect des règles d’urbanisme ». Logiparc n’a évidemment pas encore déposé de permis de construire, mais l’inquiétude d’un « passage en force » hante les riverains.

Du côté de Logiparc, c’est silence radio. Par l’intermédiaire du service Communication de la Ville, le bailleur social fait savoir qu’aucun rétroplanning ne sera établi tant que le dialogue ne portera pas ses fruits. Le hic, dans cette affaire, c’est que le chargé de projet, Jean-Louis Gautron, est en même temps trésorier du Comité d’action de Poitiers-Ouest (Capo). « S’il le faut, nous attaquerons le permis de construire en justice ! », conclut Raymond Vogel, l’un des porte-parole du collectif. Ambiance...

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