« On ne meurt plus du Sida »

On estime à 130 000 le nombre de Français porteurs du virus du Sida. À l’occasion du festival Solidays, qui aura lieu ce week-end, à Paris, le « 7 » a souhaité faire le point sur la recherche contre le VIH, avec le docteur Gwenaël Le Moal, du CHU de Poitiers.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Aujourd’hui, plus de 130 000 personnes sont infectées par le VIH. À quelle vitesse le virus se propage-t-il en France ?

« Environ 6 500 patients sont contaminés chaque année. Nous avons fait des progrès sur la prévention, avec notamment le développement de la profilaxie pré-exposition. Ce traitement, administré aux populations plus exposées avant la prise de risques, permet de limiter le risque de transmission. Mais il ne remplace pas le préservatif. »

Qu’en est-il de l’avancée de la recherche en termes de traitement du virus ?

« Nous arrivons au bout de ce que nous sommes capables de faire. Nous ne sommes toujours pas en mesure d’éradiquer le virus, ni de fabriquer un vaccin, mais les traitements sont désormais plus simples, plus efficaces et surtout moins impactants pour les patients. La trithérapie est désormais contenue dans un seul comprimé à prendre chaque jour. De nouveaux traitements par injection permettent, en outre, d’espacer les prises d’un ou deux mois et d’être ainsi moins contraignants. À Poitiers, nous expérimentons des protocoles plus légers. Pour le moment, les résultats sont assez bons. »

Concrètement, qu’est-ce qui a changé depuis vingt ans ?

« Nous n’adoptons plus la même stratégie. Désormais, nos efforts sont concentrés sur la qualité de vie du patient plutôt que sur sa guérison, pour la simple et bonne raison que la recherche stagne sur ce point. L’objectif premier reste de mieux dépister les gens. Si tous les patients infectés étaient identifiés, nous pourrions tous les traiter et il n’y aurait plus de propagation du virus. Notre second défi, c’est de faire changer les mentalités. Les séropositifs sont victimes du regard de la société. Pourtant, c’est une maladie comme une autre. Il n’y a pas que le VIH dont on ne guérit pas. Mais aujourd’hui, on ne meurt plus du Sida. »

À lire aussi ...