Congés payés, une avancée sociale de 80 ans

Les congés payés ont vu le jour en 1936. Pour célébrer cette avancée sociale majeure, l’association Ekitour organise un « Festival des vacances ». Deux Poitevins, Roland et Marcelle, n’ont pas oublié leurs premières transhumances estivales...

Florie Doublet

Le7.info

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20 juin 1936. Un mois après son arrivée au pouvoir, le Front Populaire généralise les congés payés en France. Pour la toute première fois, des centaines de Français bouclent leurs valises et prennent la direction de la mer et de la montagne. Une parenthèse enchantée de deux semaines... De nombreux témoignages d’archives évoquent « le bonheur de ne rien faire » et « la joie de voir l’océan ».

A l’époque, Marcelle avait 20 ans et vivait à Châtellerault. « Cette année-là, mes sœurs et moi-même sommes restées à la maison avec nos parents, raconte la centenaire poitevine. Nous les aidions dans les tâches quotidiennes : faire le lit, la cuisine, le ménage... » Son père et sa mère, tous deux professeurs, donnaient à leurs enfants une éducation plutôt stricte. « Et ils n’étaient pas très bien payés. Partir à cinq, c’était compliqué. »

Quelle ne fut pas sa surprise, quand, quelques années plus tard, toute sa famille prit la direction de l’île de Batz, en Bretagne. « Une véritable aventure !, se remémore-t-elle. Voir la mer était un événement tout à fait nouveau. Mes parents nous répétaient : « Attention, vous allez vous faire piquer par une bête », « Vous allez boire la tasse ! » Ils craignaient un accident. »

« Il n'avait jamais vu la mer »

Pour Roland, les vacances au bord de l’océan avaient un tout autre sel. Il n’avait que 9 ans en 1936. Sa mère travaillait aux « PTT » (Postes, Télégraphes et Téléphones) et son père aux Transports en communs de la région parisienne, l’ancien nom de la RATP. « Ils bénéficiaient déjà de congés payés(*). J’étais donc habitué à partir en vacances tous les ans, se remémore-t-il. Je me souviens très bien qu’en 1936, nous sommes partis à Pont Aven, dans le Finistère. Nous dormions dans une sorte d’auberge et il y avait un couple. Je crois me rappeler que le monsieur était couvreur-zingueur. Eh bien, il n’avait jamais vu la mer ! J’étais ébahi, cela me semblait impossible. » En juillet de cette année-là, 600 000 salariés et leurs familles ont découvert les joies de la plage, les promenades en altitude et autres balades bucoliques « au vert ». Ils partaient ainsi à pied, à vélo, en tandem et goûtaient enfin un peu de repos et de bonheur. L’été suivant, trois fois plus de Français ont profité de leurs congés payés.

(*) Un certain nombre de salariés, fonctionnaires pour la plupart, bénéficiaient déjà de «vacances payées» depuis le début du siècle.

Tout le programme sur le site d'Ekitour.