Poitiers, aimant à ministres

Un an après avoir accueilli le congrès du Parti socialiste, l’ex-capitale régionale représente toujours une terre d’asile pour ministres en mal de popularité. Alain Claeys assume son soutien au gouvernement et sa fidélité à François Hollande.

Arnault Varanne

Le7.info

De Michel Sapin à Fleur Pellerin, de Jean-Yves Le Drian à Manuel Valls, ils sont tous venus ou presque. Depuis le 1er janvier 2014, la Vienne a « hérité » de trente-quatre visites ministérielles. Avec un sommet à la fin du dernier mois : Thierry Repentin le mardi 24 mai, Emmanuelle Cosse le 26 et Jean-Jacques Urvoas(*) le lendemain. Assurément, peu de villes du Grand-Ouest peuvent se targuer d’un tel aréopage de personnalités. « Ils me demandent, j’accepte de les recevoir. Et puis, des villes de gauche dans la région, il n’y a en plus beaucoup ! », indique Alain Claeys, député-maire de Poitiers. Son refus d’entrer au gouvernement, à la mi-juin 2015, n’a en rien altéré ses « relations de confiance » avec François Hollande. L’ex-trésorier du PS conserve de fait des relations étroites avec le chef de l’Etat, qui ne lui tient apparemment pas rigueur de ce choix. « Vous savez, je n’ai pas l’habitude de mettre mon drapeau dans la poche... »

Proximité et tranquillité

Au-delà de son enracinement indéfectible à gauche, Poitiers présente d’autres avantages non négligeables. En premier lieu sa tranquillité. De mémoire de journaliste, peu de ministres y ont été pris à parti, comme Emmanuel Macron à Montreuil récemment. Pour être tout à fait complet, il faut souligner que le même ministre de l’Economie s’était fait légèrement houspiller par les Cégétistes devant la centrale de Civaux, le 17 mars. Deuxième argument de poids : la proximité avec Paris... et La Rochelle. On se souvient de la visite de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, flanqué d’une secrétaire d’Etat alors inconnue -une certaine Myriam El Khomri-, à la fin août 2014. Au dernier moment, le duo avait trouvé bon d’arpenter les Trois-Cités et d’annoncer, dans la foulée, le passage de la TVA sur l’accession sociale à la propriété de 20% à 5,5%, dans les quartiers prioritaires.

« Poitiers compte toujours, même sans son statut de capitale régionale, estime Benoît Tirant, premier secrétaire fédéral du PS dans la Vienne. Et c’est bien pour son image que des ministres s’intéressent à la politique qui y est menée, notamment en matière de logement et d’éducation. » Au Mans, également un bastion socialiste, les apparitions gouvernementales se font plus rares. Même phénomène à Tours, passée à droite en 2014. En dépit de sa proximité avec Paris en TGV, seulement sept membres du gouvernement s’y sont arrêtés au premier semestre. Annoncée la semaine dernière, la ministre de la Culture Audrey Azoulay a préféré passer son chemin pour se rendre au chevet du château de Chambord, cerné par les eaux.

(*) Respectivement Délégué interministériel à la mixité sociale dans l’habitat, ministre du Logement et Garde des Sceaux. Proche d’Alain Claeys, l’ex-ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius -devenu président du Conseil constitutionnel- est annoncé à Poitiers en octobre. Il y donnera une conférence sur la diplomatie et le changement climatique.

 

« Hé oh la gauche ! », le couac

Poitiers devait accueillir, lundi, un meeting du mouvement « Hé oh la gauche ! », avec Najat Vallaud-Belkacem, Stéphane Le Foll et Martine Pinville, dans le rôle des premiers avocats de l’action gouvernementale. Mais Alain Claeys a préféré le reporter de quelques jours, en raison d’une manif annoncée des opposants à la loi Travail.

À lire aussi ...