Ça se complique pour les playoffs

Présenté par Arnauld Thinon comme « un huitième de finale », la confrontation entre Poitiers et Nantes a tenu toutes ses promesses en termes d’intensité. Mais face à une Hermine solide, le PB a multiplié les erreurs et s’incline logiquement (80-83). Les hommes de Ruddy Nelhomme ne devront pas se louper au Portel et face à Souffel pour décrocher leur billet pour les playoffs.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

D’entrée les Nantais se montrent agressifs et déroulent à trois points (0-8, puis 2-11, 3e). « Mais défendez un peu, allez ! », entend-on dans la tribune des Pictagoules. Comme souvent cette saison, le PB peine à rentrer dans le match, mais réagit assez vite et repasse en tête (14-13, 7e). Joseph maintient l’écart grâce à un service parfait de Thinon, avant de donner trois points d’avance aux Poitevins sur une belle action individuelle (18-15, 8e). Dorsey en profite pour ouvrir son compteur à trois points d’un tir à deux mètres de la ligne (21-15, 9e). Le diesel poitevin est lancé et boucle le premier quart avec cinq unités d’avance (25-20).

Mais l’Hermine a de la ressource et pilonne la défense poitevine à la reprise pour revenir à hauteur (27-27, 13e), puis virer en tête sur une balle bêtement donnée par Dorsey et un shoot magistral à trois points de Valentin Bigote (27-32, 14e). Poitiers gâche de belles occasions, à l’image de ce ballon mal capté par Romuald Morency qui file en touche et offre un nouveau contre bénéfique aux Nantais. Un peu plus solide en défense, le PB paye sa grande maladresse dans la raquette adverse et quitte le parquet avec cinq unités de retard sur son adversaire du jour. 42-47, mi-temps.

A quelques secondes...

Au retour des vestiaire, Poitiers affiche un tout autre visage. Plus en place défensivement, le PB pousse deux fois Nantes au terme de sa possession et repasse en tête (48-47, 23e). Mais, comme en première mi-temps, l’Hermine ne laisse pas les locaux s’envoler. Storm Warren plante deux dunks rageurs, qui permettent à Nantes de se relancer (51-53, 24e). Dans une arène en folie, Greer plante deux flèches assassines et donne enfin une petite avance au PB (62-56, 27e). En fin de quart, Harley est hué par le public pour deux shoots non tentés alors qu’il était totalement démarqué. Poitiers gâche de précieuses occasions. 65-61, 30e. Rien n’est joué.

Le dernier acte débute sur un faux rythme, où les points sont rares et les erreurs encore nombreuses, comme ce double raté de Joseph, pourtant en réussite jusque-là. Une combinaison magique de Kahudi et Traoré maintient le suspense à son comble (68-67, 33e). Saint-Eloi chante et pousse ses troupes. L’ambiance rappelle clairement celle des playoffs, auxquels les deux formations peuvent sérieusement prétendre en cas de victoire. Sur un shoot à trois points raté de Bigote, Kahudi se jette devant Ekperigin et pousse le ballon dans le panier (68-69, 15e). Harley, si discret depuis le début de partie, choisit le bon moment pour ajouter trois unités au compteur. Les deux camps se répondent coup sur coup (76-72, 36e). Le public est debout pour les cinq plus importantes minutes de la saison poitevine.

Mais Nantes n’est jamais à court de ressources. L’incontournable Storm Warren (24 pts, 69% de réussite, 7rbds, 22 d’éval) plante deux banderilles qui permettent à Nantes de recoller (76-76, 38e). «Ça va être à vous, sixième homme, de jouer votre rôle ce soir», lance le speaker. Dorsey rate deux lancers, Marcus Ginyard rentre un shoot du coin du terrain, Morency ajoute deux points. 78-79, 39e. C’est chaud. Bousculé, Dorsey récupère deux lancers du pardon, qu’il s’applique à inscrire. 80-79, il reste trente secondes. Nantes profite de sa possession pour créer des espaces dans la défense. Durham, absolument pas attaqué, prend un shoot aux airs de victoire. 80-81, cinq secondes à jouer. Sur la remise en jeu, Ekperigin est servi dans la raquette et rate son shoot. Nantes hérite de deux lancers. 80-83. Moins de trois secondes à jouer. Dorsey fait airball sur sa dernière opportunité. Nantes s’impose, Poitiers voit les playoffs s’éloigner.


La fiche
À Poitiers, salle Jean-Pierre Garnier, Hermine Nantes 44 bat Poitiers Basket 86 : 83-80. Mi-temps : 47-42. Évolution du score : 20-25, 47-42, 61-65, 83-80. Arbitrage de MM. Ait Bari et Machabert. 2 095 spectateurs.

Poitiers. Thinon (5), Harley (3), Garbin (0), Dorsey (17), Catherine (2), Joseph (12), Guillard (12), Ekperigin (14), Greer (13), Cluzeau (0), Morency (2). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.

Nantes. Ginyard (8), Morlende (0), Gentil (0), Traore (6), Warren (24), Bigote (9), Durham (13), Desespringalle (9), Kahudi (8), Nkounkou (6). Entraîneur : Franck Collineau.

Ils ont dit…

Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) :
(expéditif) « Il y a de la déception, mais je ne vais pas m’étendre sur le match de ce soir, ni sur le résultat. Il nous reste deux rencontres qu’il faudra gagner. »

Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « Nous n’avons pas très bien défendu ce soir, mais nous sommes malgré tout restés au contact. On est tombé face à une belle équipe de Nantes, qui nous a posé beaucoup de problèmes. Il nous reste maintenant deux matchs pour décrocher les playoffs. On va y croire jusqu’au bout. »

Mike Joseph (intérieur du PB86) : « On est dégoûtés parce qu’on connaissait l’enjeu du match. Nous avons multiplié les petites erreurs, perdu trop de ballons et manqué de lucidité sur certaines possessions. À l’intérieur, on s’est fait bouger au rebond. Il n’est pas encore temps de faire les comptes. Attendons d’avoir disputé nos deux dernières rencontres. »

Jeff Greer (arrière du PB86) : « Nous n’avons pas réussi à produire le jeu que nous souhaitions. Ce genre de match, c’est la guerre. Un combat permanent. Je ne crois pas que nous ayons perdu la rencontre dans les dernières minutes, mais plutôt en première mi-temps, où nous avons laissé filer trop de points. »

Franck Collineau (entraîneur de l’Hermine de Nantes) : « C’est une belle victoire, qui a un parfum particulier puisque Poitiers a longtemps été notre bête noire dans ce championnat. Je salue la combativité de mes joueurs ce soir. Ils ont montré une belle volonté de se passer la balle, de partager. C’était un beau match de basket, avec la carotte des playoffs comme motivation. Nous avions besoin d’un niveau de stress optimum pour l’emporter. On ne peut pas jouer ce genre de match comme on regarde Koh-Lanta dans son canapé. Nous avons désormais notre destin entre nos mains. À nous d’offrir à notre public la qualification pour les playoffs, vendredi face à Saint-Chamond. »

Dominique Gentil (ailier de l’Hermine Nantes) : « Le coach nous avait mis en garde avant la rencontre, en nous disant qu’il fallait la jouer comme un huitième de finale. Ce soir, on est monté en régime progressivement. Il fallait être super solide pour contenir le PB à trois points. En étudiant leurs statistiques, on s’était rendu compte qu’ils gagnaient tous leurs matchs quand ils avaient plus de 35% de réussite à 3pts. Ce soir, ils terminent à 33%. »

À lire aussi ...