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D’après l’Organisation mondiale de la santé, une personne âgée sur dix serait, chaque mois, confrontée à la maltraitance, physique ou psychologique. Un chiffre à prendre avec beaucoup de prudence, même si la récente affaire de Châtellerault a remis ce délicat sujet sur le devant de la scène.
L’actualité déverse tous les jours son lot d’histoires sordides. Comment qualifier autrement le fait divers de Châtellerault, révélé mi-avril ? La petite fille d’une sexagénaire handicapée a prévenu la police, choquée par son état de santé préoccupant. La victime pesait moins de 30kg et vivait au milieu des excréments… chez son fils et sa belle-fille. Lesquels ont été entendus par un juge et écroués pour différents chefs d’inculpation (*).
Qu’ils vivent à domicile ou dans des établissements spécialisés, les seniors, notamment les plus âgés, sont des proies faciles. Plus de 32 500 d’entre eux ou leurs proches auraient composé le 39 77 en 2015. Ce numéro d’urgence d’« Allô Maltraitance » est relayé dans la Vienne par Alma 86. « Dans un tiers des situations, ce sont les victimes elles-mêmes qui nous appellent, témoigne Wendy Grondin, coordinatrice d’Alma 86. Elles se plaignent davantage de violences psychologiques que physiques. En revanche, en institution, on a davantage affaire à des cas de négligence. L’année dernière, nous avons ouvert quarante-trois dossiers, c’est-à-dire des procédures où nous jouons un rôle d’interface avec des établissements, services sociaux… »
Derrière le mot de maltraitance, se nichent en effet des formes très diverses d’atteintes aux personnes : insultes, humiliations, escroqueries, harcèlement, coups… Fort heureusement, les cas de sévices graves se comptent sur les doigts d’une main. Catherine a été « heurtée » par l’accueil réservé, en milieu hospitalier, à son père nonagénaire. « J’ai vu et entendu des choses qui m’ont choquée, admet cette habitante de Poitiers. La manière de lui parler d’un ton très sec, de le faire attendre ou de le fâcher pour des toilettes sales… J’ai trouvé tout cela très désobligeant. Lui qui ne se plaint jamais s’en est ouvert à mon frère et moi-même. »
« Beaucoup d’empathie »
Une question affleure : la sensibilité de certaines familles conduit-elle à des interprétations erronées ? « C’est possible, abonde Isabelle Migeon-Duballet, chef adjoint du pôle gériatrie du CHU de Poitiers. Elles ne connaissent pas les contingences hospitalières et contraintes de service. L’hospitalisation de leur proche peut générer un stress parfois peu propice à saisir totalement une information, un pronostic. Quoi qu’il en soit, nous recevons les familles très régulièrement pour répondre à leurs interrogations et permettre une prise une charge sereine. Tout est bien sûr perfectible et, parfois, les soignants travaillent en effectif un peu tendu. »
Par delà les murs de l’incompréhension, une autre réalité ne doit pas être passée sous silence : la maltraitance des soignants. « Travailler dans un service accueillant des gens polypathologiques, en perte d’autonomie et avec des troubles psychocomportementaux, est difficile, reconnaît Isabelle Migeon-Duballet. Les soignants font preuve de beaucoup d’empathie et ont parfois du mal à exprimer qu’eux-mêmes peuvent être agresser verbalement voire physiquement, cela leur parait normal. » Triste réalité.
(*) Le fils a été maintenu en détention à la maison d’arrêt de Niort, sa compagne a été remise en liberté. Les deux seront jugés dans les mois à venir.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.