Collège : profs absents, parents indulgents

Jusqu’en juin, tous les enseignants suivront une formation de cinq jours pour assimiler le contenu de la réforme du collège. De nouvelles absences qui provoquent quelques remous chez les parents et beaucoup d’indulgence.

Arnault Varanne

Le7.info

En mai, Rachel Marquer sait déjà qu’elle devra « jongler avec les emplois du temps ». A Buxerolles, la principale du collège Jules-Verne aura à gérer l’absence de douze enseignants en simultané, sur un effectif total de trente-sept. « Il ne faudrait pas que cette situation se reproduise tous les ans, même si c’est pour la bonne cause ! »

C’est une évidence, la réforme du collège et sa cohorte de nouveautés à assimiler entraînent quelques dysfonctionnements dans les établissements. Dans la Vienne, mille trois cents professeurs ont déjà suivi ou s’apprêtent à suivre les cinq jours de formation prévus par l’Education nationale. De l’accompagnement personnalisé aux nouveaux programmes pluridisciplinaires, des enseignements pratiques interdisciplinaires aux outils d’évaluation, le programme est copieux. A en croire le Directeur académique des services de l’Education nationale (Dasen), « tout a été fait pour limiter au maximum les perturbations ». « Notamment en proposant à des collègues d’assurer des remplacements sous la forme d’heures supplémentaires », ajoute Dominique Bourget.

Si les parents se montrent « plutôt compréhensifs » (Rachel Marquer) vis-à-vis de ce « plan de formation exceptionnel », ils sont moins indulgents par rapport aux absences de longue durée. « Mon fils a passé cinq semaines sans prof de maths, déplore Vanessa. C’est quand même très problématique! »

« Un mauvais moment à passer »

De fait, l’Education nationale ne remplace « ses » personnels absents qu’à partir de quinze jours d’absence. « Là-dessus, il faut savoir qu’entre 2003 et 2014, le nombre d’heures de cours non assurés (dans le 2d degré, Ndlr) a chuté de 25% dans l’académie », se justifie Dominique Bourget. « C’est un mauvais moment à passer, relative à son tour Jean-François Roland, secrétaire régional de l’Unsa-Education. « La réforme ne fait qu’amplifier un phénomène d’absences récurrent, analyse pour sa part Agnès Reix, secrétaire générale de la FCPE 86. Entre 2007 et 2012, le gouvernement a été dans une logique « pas de maître sans classe ». Voilà le résultat. Le métier d’enseignant n’est plus attractif ! ».

En maths, anglais ou physique, le manque de remplaçants disponibles serait criant. D’où des absences prolongées en janvier, février ou mars. L’Education nationale tente bien de confier quelques heures de cours à des vacataires, mais le résultat s’avère parfois calamiteux, en raison de leur manque de… formation. Du reste, à l’échelon national, la FCPE a tiré la sonnette d’alarme début avril. D’après la première Fédération de parents d’élèves, 20 000 journées de cours auraient été perdues depuis la rentrée dans le secondaire.
 

Des refus a minima
Plusieurs syndicats enseignants ont tempêté pendant des mois contre la réforme du collège. Mais à l’heure de passer aux travaux pratiques, peu d’entre eux opposent une résistance. Seuls une cinquantaine de professeurs auraient écrit au rectorat de l’académie de Poitiers, dans l’optique de ne pas participer aux formations. « Pour des raisons individuelles, précise Dominique Bourget. Sur 5400 enseignants, avouez que c’est très peu ! »

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