Succès fou pour les pétitions 2.0

Sur le terrain de la mobilisation citoyenne, les initiatives passent désormais par le Net. Plusieurs plateformes se partagent le marché des pétitions en ligne. Change.org et Mesopinions.com fédèrent de plus en plus d’internautes. Dont des milliers de Poitevins soucieux de défendre leur cause avec une audience élargie.

Arnault Varanne

Le7.info

« Non aux cirques avec animaux sauvages sur la commune de Poitiers et celles de la CAP ! » « Comité d’action sociale de Poitiers : le scandale. » « Un parking à étages gratuit au CHU de Poitiers : vite ! » « Pour la mise en place d’une alternative végétalienne dans les restaurants universitaires. » Sur Change.org, une trentaine de pétitions « made in » Poitou se débattent au milieu des... quarante huit mille déjà enregistrées par le portail américain, depuis son lancement en France, au printemps 2012.

« Une caisse de résonance »

Avec ses sept millions d’utilisateurs dans l’Hexagone, le site communautaire écrase la concurrence. Et la dernière campagne initiée par Caroline de Haas, en défaveur de la loi Travail -plus d’1,2 million de signataires-, devrait renforcer sa position de numéro 1 de la mobilisation connectée. « Notre objectif, c’est d’offrir à toute personne le pouvoir de créer le changement qu’elle souhaite voir », admet Benjamin des Gachons, directeur français de Change.org. Parfois, les combats numériques font mouche. Comme sur l’affaire Jacqueline Sauvage, l’abaissement à 5,5% de la « taxe tampon », le vote d’une loi sur les invendus alimentaires dans les supermarchés...

« Je me souviens aussi de cette pétition en faveur de la ferme écologique « Le Petit colibri », en Charente, abonde le directeur de Change.org France. La pétition avait recueilli plus de 64 000 signatures, dont celle de Françoise Coutant, vice-présidente de la Région. Et Richard Wallner avait gagné son combat ! » Dans son jargon, Géraldine Poissonnier parle de « victoires ». « Nous en recensons de plus en plus, c’est bien que l’outil est efficace », estime la directrice de Mesopinions.com.

Des décideurs très attentifs

Sans avoir l’audience de son concurrent américain, la plateforme française se montre efficace au relais d’actions locales, nationales voire internationales. Un guide des astuces indispensables trône d’ailleurs en bonne place sur son site. « La pétition n’est qu’une porte d’entrée virtuelle. Nous apportons aux auteurs l’expertise nécessaire à l’animation de leur page et à la médiatisation de la cause défendue. »

La corrélation entre le nombre de signataires et l’efficacité du message auprès des décideurs ne serait pas systématique. « Nous incitons souvent les internautes à organiser des réunions publiques, à alerter la presse... », poursuit Géraldine Poissonnier. « Le message véhiculé est important, insiste Benjamin des Gachons. On est une sorte de caisse de résonance, un baromètre politique et social en temps réel, qui permet à des décideurs d’entendre ce que dit la base. » D’ailleurs, des élus nationaux, comme Anne Hidalgo, Jean-Luc Moudenc (maire de Toulouse, Ndlr) ou Najat Vallaud-Belkacem, ont créé leur profil « décideurs » sur Change.org. Ainsi, ils peuvent repérer très tôt les pétitions qui leur sont adressées et y répondre. Bienvenue dans l’ère des pétitions 2.0.

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