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Aujourd'hui
Doucine ou l’art du réemploi
Clara Schobert redonne vie aux matières oubliées en créant des tenues uniques à partir de textiles de seconde main et d’objets détournés. L’étudiante en informatique a fondé sa propre marque, Doucine.
Hier, ils commercialisaient des pompes à chaleur et autres panneaux solaires. Aujourd’hui, ils donnent dans l’isolation des combles ou le démoussage de toits. Au petit jeu de l’argumentaire rodé et de la prestation-forcément-indispensable, Madeleine a failli y laisser une partie de ses économies. Courant janvier, cette habitante du Sud-Vienne reçoit un appel d’une plateforme téléphonique. Un commercial se pointe à son domicile quelques jours plus tard. Une rapide inspection de la maison débouche sur quatre devis pour des travaux d’isolation, de traitement anti-termites et capricornes et de lutte contre la remontée d’humidité dans les murs. Total : 22 000€.
« La société en question a ensuite attendu les quatorze jours du délai de rétractation et deux ouvriers sont venus à son domicile le 2 février », témoigne Bruno, son gendre. Sitôt les travaux achevés, la vieille dame atteinte d’un début d’Alzheimer s’est acquittée d’un chèque de 4 655€. C’est en consultant ses comptes bancaires que sa fille et son gendre ont découvert le pot aux roses. Sans se démonter, ce dernier a menacé la société en cause -domiciliée à Paris, mais ayant un établissement secondaire à Chasseneuil-du-Poitou- de déposer plainte pour abus de faiblesse. « Comme par hasard, le responsable de l’agence poitevine m’a dissuadé de le faire et a remboursé intégralement la prestation. Mais pour une affaire qui se termine bien, combien de personnes vulnérables sont escroquées ? »
« Une image déplorable »
En 2015, dans la Vienne, quatre vingt-cinq particuliers ont déposé plainte pour démarchage abusif, selon la préfecture. L’UFC Que-Choisir n’est « pas étonnée » par l’ampleur du phénomène. L’organisme de défense des consommateurs est régulièrement alerté par des victimes d’escroqueries de ce type. « J’instruis actuellement six affaires liées à des pratiques commerciales déloyales ou agressives, indique Frédéric Siudia, consultant pour l’UFC. Souvent, une lettre recommandée avec accusé de réception dissuade ceux qui abusent de la situation. Mais je conseille quand même aux proches des victimes de porter plainte. »
L’article L122-8 du Code de la consommation indique que les auteurs de ces infractions encourent jusqu’à trois ans de prison, une amende de 375 000€ ou une retenue de 10% de leur chiffre d’affaires. Des sanctions pour abus de faiblesse ou d’ignorance renforcées dans la loi Hamon de mars 2014. « En termes d’image, c’est dévastateur pour l’ensemble des professionnels du bâtiment, admet Philippe Huet, secrétaire général de la FFB86. Cela créé un climat de suspicion au détriment des entreprises qui travaillent dans les règles. »
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