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Le Salon international de l’Agriculture a ouvert ses portes, samedi, à Paris, sur fond de crise. Stands saccagés, politiques chahutés… Malgré les tensions, une dizaine d’agriculteurs de la Vienne ont répondu présent. Avec des motivations pas toujours identiques.
Ces dernières semaines, Bruno Guilloteau, agriculteur à Marnay, n’a pas battu le pavé des rues de Poitiers, en compagnie de ses collègues « en colère ». À l’ex-capitale régionale, l’éleveur de vaches limousines préfère la capitale… tout court. Depuis samedi, il vante les mérites de son travail au Salon international de l’Agriculture. Il est accompagné de Goncourt (*), un impressionnant taureau d’1,5 tonne et d’Exubérante, une belle Limousine. Le premier participe au prestigieux concours général et la seconde est destinée à la vente aux enchères (lire encadré).
Bruno est le seul de la Vienne à présenter des bovins. Au total, ils sont une dizaine d’agriculteurs du département à prendre part au SIA 2016. « Le Salon offre évidemment une très belle vitrine, assuret- il. Cela reste aussi un plaisir personnel, il s’agit de ma huitième participation. » L’appel à boycotter l’événement lancé, notamment, par José Bové, l’agace sensiblement. « C’est totalement contre-productif. Bien sûr, le SIA ne représente pas toutes les réalités de notre métier, mais il donne l’opportunité de prouver ce dont nous sommes capables. Il faut aller au devant des consommateurs, les inciter à consommer français, leur redonner envie de manger de bonnes choses, au bon prix. C’est comme cela qu’on peut faire bouger les choses et pas en déversant des tas de fumier devant les hypermarchés ou en obstruant les autoroutes. » Voilà qui a le mérite d’être clair…
« Le dialogue peut s’engager »
Bien sûr, l’éleveur ne se voile pas la face. « Les marges réalisées par les intermédiaires sont importantes, les coûts d’abattage sont trop élevés, le cours mondial des céréales fluctue… Mais ce n’est pas en emmerdant les gens que cela va changer. » Romain Martineau n’est clairement pas du même avis. Le président des Jeunes Agriculteurs de la Vienne assure que les opérations « coup de poing », menées à Poitiers et Châtellerault ces dernières semaines, ont au contraire porté leurs fruits. « Les enseignes sont davantage à notre écoute, le dialogue peut s’engager. Tout ce que nous voulons, c’est que les grandes et moyennes surfaces vendent de la viande française et, si possible, locale. Certaines jouent le jeu, d’autres non. C’est sur elles que nous devons faire pression. On ne peut plus continuer comme ça ! »
A ce discours, Bruno Guilloteau répond sans ambages. « Il faut que nous changions notre modèle agricole. Il est temps de nous remettre en question. Tenez, par exemple, j’ai obtenu le label « Blason prestige », qui est certes contraignant, mais qui apporte une véritable plus-value. Moi, je m’en sors ! Trop d’agriculteurs veulent doubler la taille de leur exploitation, produire encore plus. Je dis non. J’ai cent vingt hectares, quatre-vingt-dix vaches et ça suffit à mon bonheur », lâche-t-il, avant de conclure son exposé par sa maxime favorite… « Mieux vaut un petit chez soi qu’un grand chez les autres. »
(*) Goncourt est le taureau de six copropriétaires.
Exubérante, la limousine présentée par Bruno Guilloteau, a été adjugée 8000 euros lors de la vente aux enchères de vaches de boucherie qui s'est déroulée ce mardi. Ce sont deux magasins Franprix de Seine-et-Marne qui remporte la mise.
"Dans un contexte de crise agricole, un nombre croissant d’exploitants souhaite (...) passer à l’agriculture biologique, qui leur offre des perspectives économiques", assure la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Claire Vanhee, animatrice du réseau Vienne Agrobio confirme cet engouement : "Je suis actuellement submergée de contacts et de demandes d’agriculteurs conventionnels qui se posent la question de passer en AB." Une manière de resister face à la crise ?
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.