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Aujourd'hui
Doucine ou l’art du réemploi
Clara Schobert redonne vie aux matières oubliées en créant des tenues uniques à partir de textiles de seconde main et d’objets détournés. L’étudiante en informatique a fondé sa propre marque, Doucine.
Le contexte
« Je suis arrivée à Poitiers il y a deux ans avec ma fille de 7 ans, après une séparation d’avec son papa. Le 115 m’a orientée vers Audacia. Après quelques semaines à l’hôtel et dans une auberge de jeunesse, j’ai intégré une structure d’hébergement. Avant cela, j’avais tenté de prendre un studio et de m’éloigner de mon compagnon, mais je n’ai pas pu le conserver. J’ai tenté de me faire héberger par des proches, sans succès. On ne croyait pas à mon histoire. »
Les violences quotidiennes
« J’en ai été victime pendant de nombreuses années. Mon premier compagnon était violent, le père de ma fille aussi… Il y a comme un schéma qui s’est reproduit. Pendant ma grossesse, il s’est passé beaucoup de choses, au point que j’ai eu des envies d’en finir. Après, à partir du moment où le tribunal a prononcé le partage de l’autorité parentale, j’ai vécu un enfer. Je n’étais pas libre de mes mouvements. Je me suis même dit que j’allais tuer ce mec. J’étais tellement désespérée… Une fois, mon dépôt de plainte n’a même pas été enregistré, comme si ce que je vivais n’existait pas ! »
Le départ
« La meilleure façon d’aider la personne violente avec laquelle on vit, c’est de la quitter définitivement. On ne lui rend pas service en restant avec elle. A partir du moment où j’ai pris la décision, je m’y suis tenue. J’ai retrouvé progressivement le droit au respect, la liberté aussi. Et ma fille a pu extérioriser ce qu’elle avait vu, avec le Centre médical psychiatrique des enfants (CMPE). »
Le présent et l’avenir
« Aujourd’hui, je suis encore en reconstruction. Mais je peux dire que le yoga et la méditation m’ont sauvée ! J’ai entamé un travail en profondeur sur moi-même, notamment sur la force de l’inconscient. Je suis également devenue végétalienne. Bref, je suis en train de me révéler, même si le fait d’être au RSA n’est pas évident. Je donne de mon temps comme bénévole dans une association. D’une certaine manière, j’ai réussi à briser mes chaînes. »
(*)Prénom d’emprunt, Marie ne souhaitant en aucun cas être reconnue.
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