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Aujourd'hui
Doucine ou l’art du réemploi
Clara Schobert redonne vie aux matières oubliées en créant des tenues uniques à partir de textiles de seconde main et d’objets détournés. L’étudiante en informatique a fondé sa propre marque, Doucine.
Avec le temps, l’accent périgourdin s’est effacé au profit d’une inflexion plus… québécoise. Avec le temps, le passeport français a glissé sous son homologue canadien. « En fait, j’utilise l’un ou l’autre en fonction de la file d’attente aux aéroports ! » Avec le temps, l’ancien étudiant de l’Ecole européenne supérieure de l’image (EESI) s’est aussi et surtout construit une carrière aux contours dorés. En débarquant, mi-janvier, à la gare de Poitiers, Thibaut Duverneix a ressenti comme « un souvenir vaporeux ». « J’étais déjà revenu en novembre, après le tournage de la Forge aux étoiles. Je voulais voir ce que la projection donnait sur les fontaines. » Le clin d’œil de l’histoire a voulu qu’il soit sollicité par l’agence québécoise 45 degrees, filiale du Cirque du soleil, pour un projet au Futuroscope. « Ce qui est encore plus fou, c’est que Dominique Hummel a fondé l’EESI ! »
Entre deux allers-retours Montréal-Poitiers, le créateur d’images aux multiples talents (3D, mapping, after effect…) a même trouvé « quelques jours » pour réaliser le clip du dernier single d’Elton John -Blue Wonderful-, à Montréal. Vous avez dit bankable ? Le frenchie garde la tête froide, même si la réussite le comble d’aise. Depuis cinq ans, ses références lui permettent de choisir les projets sur lesquels il a envie de bosser. L’ex-patron du studio Departement, qui comptait jusqu’à une dizaine de collaborateurs, a recouvré sa liberté d’action en 2014. Aujourd’hui, il ne fonctionne plus qu’en mode «commando», s’attachant les meilleures compétences au gré des réalisations à honorer. Sa micro-structure s’appelle Gentilhomme.
Addict au boulot
Du Web à la musique, de l’image au cinéma, de la pub aux shows artistiques, ce fils de banquier et de secrétaire comptable vit la vie dont « il a toujours rêvé ». Libre et indépendant. « J’aimais pas l’école, même si j’ai toujours été plutôt bon élève. Je me faisais c… Apprendre par cœur, pour quoi ? » Ce «workoolique» (*) assumé a croisé sur sa route les bonnes personnes. Et en particulier Michelle Héon, sa professeure de scénographie à Poitiers. C’est elle qui l’a incité à tenter l’expérience montréalaise. «Elle voulait que je m’inscrive à l’Uqam, mais j’ai préféré Concordia pour maîtriser l’anglais.» Là-bas, il a joué les « teacher assistant » dans un labo de recherches. Sa soif de créativité et son exigence ont fait le reste.
Thibaut Duverneix constitue aujourd’hui une sorte de produit d’exportation. Aux Etats-Unis. En Asie. Et parfois aussi en Europe, même si le Vieux continent reste en retrait. En 2015, il a contribué à réaliser le plus gros mapping d’Asie à Bangkok, collaboré avec Madonna. Dans quelques semaines, il sera à Singapour pour « mapper » un immeuble, encore avec la compagnie Moment Factory. Et il bossera également sur le prochain show sous chapiteau du Cirque du soleil. Bref, ce gars-là ne s’arrête jamais une seconde. Un peu acharné, non ? « Disons que je fais tout à fond. Je suis un peu dans l’excès. L’été, chez moi, je fais quatre-vingts litres de sauce tomate. Juste comme ça… » Vu le temps qu’il passe à son domicile de La petite Italie, c’est presque du gâchis ! En dehors de la rigueur du climat, Thibaut kiffe sa ville.
Tenté par le cinéma
« Je me retrouve toujours avec des projets en Californie l’été. Donnez-les moi l’hiver ! » A défaut de se réchauffer au soleil de « LA », l’ex de l’EESI brûle de réaliser un long-métrage. Le sien. Il bosse dessus, mais cherche un scénariste. Son premier « court » Holder’s comma, tourné avec une actrice américaine, lui a permis de se faire la main. Promis, son prochain projet -sans doute un court- sera moins perché. Mais il y a de fortes chances que l’esthétique soit aussi léchée. « Ça traitera probablement de la danse. »
Conception, tournage, production, post-production… Il se sent capable de « tenir un plateau de film ». Reste à trouver le partenaire idoine, capable de diriger les acteurs. Avec ses faux-airs de Johnny Depp, Thibaut Duverneix ne sent « pas encore » légitime. Lui est un homme de l’image. A 360°.
(*) Dépendant au travail, en français de chez nous !
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