Une victoire par KO

Insolent d’adresse à longue distance, le PB86 s’est offert le scalp d’une formation de Boulogne pourtant redoutable. La soirée fut parfaite en tous points.

On l’avait écrit et répété sur tous les tons, ce PB-SOMB sentait la poudre. Le soufre même. Entre une formation invaincue chez elle depuis un mois et demi et un relégué plus fringant que jamais, il ne pouvait en être autrement. Pas besoin de patienter deux plombes avant de s’extasier devant le show offensif proposé par les deux protagonistes. Avec Mendy à la manœuvre, Boulogne dégaine le premier. Mais Jeff Greer, en vieux routier des parquets, ne tarde pas à chauffer le diesel. Dans son sillage, le PB provoque un premier écart (18-11, 8e), bien aidé par la gabegie nordiste (5 balles perdues). Castano tente alors de muscler sa raquette avec le massif Ferdinand Prénom. Mais Guillard et Ekperigin tiennent le choc. Même Morency se laisse griser par l’ambiance et enchaîne deux lay-up au nez et à la barbe de Lance Goulbourne. 

Las… Très en réussite jusque-là, Greer et ses potes coincent légèrement sur la zone 2-3 proposée par le dauphin d’Hyères. Thinon et Harley touchent à peine l’arc. Et comme Sim commence à trouver son rythme, le SOMB revient dans le coup (29-25, 15e). Touché le PB ? Même pas ! Le temps-mort de Ruddy Nelhomme fait son petit effet et libère à nouveau Jeff Greer. Le mano a mano avec Goulbourne dure deux bonnes minutes, mais c’est finalement… Guillard qui vient les mettre d’accord (40-32, 17e). Mué jusque-là en passeur, Darrin Dorsey est le « dernier » à sortir de sa boîte avant la pause. Le bougre inscrit huit points en une minute trente pour donner de l’air à son équipe (51-42). Après vingt minutes, le PB a shooté à 48% avec un 11/23 derrière l’arc. Presque irréel ! 

Nouveau record à l’évaluation

La suite se déroule sur un tempo similaire, avec Greer et Dorsey (22pts, 9pds, 5 inter, 34 d’évaluation) une nouvelle fois à la baguette et irrésistibles. Lance Goulbourne (29pts) est très seul à l’heure de donner la réplique. Car les deux leaders se relaient à la marque, presque exclusivement derrière l’arc. Si bien que le léger matelas à l’amorce du troisième quart (51-45, 22e) se transforme en lit extrêmement confortable dans la foulée (64-50, 24e). KO debout par un 18-5 encaissé dans le plexus, le SOMB encaisse deux nouveaux uppercuts signés… Dorsey (69-50, 26e) qui le font tituber davantage encore. Sur le… dix-septième triple de la soirée signé Thinon -nouveau record de la saison jusque-là détenu par Boulogne-, les Nordistes boivent carrément le calice jusqu’à la lie. L’écart enfle jusqu’à vingt-trois unités (89-66, 31e), sur un « 2+1 » de Joseph. 

Le reste est à ranger au rayon de l’anecdotique. Quelques dunks très spectaculaires signés Harley et Morency concluent toutefois une soirée sans aucune fausse note. Avec à la clé un nouveau record à l’évaluation (125). Saint-Eloi peut exulter, ses protégés ont plus que fait le job. Grâce à cette sixième victoire consécutive à la maison, ils pointent désormais à la cinquième place, ex-aequo avec Le Portel et Boulazac. Mais l’euphorie d’un soir doit vite retomber, car Saint-Quentin se pointe dès mardi dans la Vienne. Et l’air de rien, le plus difficile sera sans doute de confirmer. Comme toujours en sport… 

La fiche
A Poitiers, salle Saint-Eloi, Poitiers Basket 86 bat SOM Boulogne 100-76. Mi-temps : 51-42. Score par quart-temps : 22-15, 29-27, 35-24, 14-10. Evolution du score : 22-15, 51-42, 86-66, 100-76. Arbitrage de MM. Alahouabi et Mora. 2228 spectateurs. 

Poitiers. Thinon (9), Harley (14), Dorsey (22), Ekperigin (2), Greer (28), Guillard (8), Joseph (8), Morency (9). Entraîneur : Ruddy Nelhomme. 
Boulogne. Sim (7), Goulbourne (29), Sheehey (6), Prénom (2), Mendy (10), Rozenfeld (6), Corosine (2), Wallez (12), Biog (2). Entraîneur : Germain Castano. 

Ils ont dit…

Ruddy Nelhomme (entraîneur de Poitiers) : « Mon sentiment, là tout de suite, c’est que je pense déjà au match de mardi. C’est dans notre tête. On est sûrs de ce que nous sommes capables de faire. Il faut prendre cette victoire avec beaucoup d’humilité. Nous avons été adroits, nous avons mis les ballons où il fallait. On a été concentrés défensivement, mais nous avons fait ce que nous voulions faire contre une très bonne équipe. La tenir à soixante-seize points, cela n’arrive pas tout le temps. On a fait un bon travail défensif. Notre adresse nous a permis de garder cette euphorie, avec la salle en plus. Mais mardi, ce sera une autre chanson. »

Arnauld Thinon (meneur du PB86) : « On a eu une grosse réussite ce soir. L’objectif était de contrôler les arrières de Boulogne. On a réussi à le faire. C’est une belle victoire collective. On est en confiance, avec de bons matchs à la maison. Avec le début de championnat qu’on a réalisé, on est pas mal… Maintenant, c’est tellement serré qu’il faut se garder de toute euphorie. On doit l’emporter mardi pour continuer à regarder vers le haut. »

Jeff Greer (arrière du PB86) : « Je n’ai pas bien joué lors du dernier match à Denain. Et aujourd’hui, je voulais me rattraper, être agressif et donner confiance à mon équipe. J’ai mis un tir, puis deux. C’est ce dont l’équipe avait besoin et c’est aussi ce que le coach me demande. C’est bien d’avoir réussi un match comme celui-là. C’est plus simple quand autant de joueurs sont dangereux. Bref, c’était une bonne soirée pour moi et le PB86 ! »

Germain Castano (entraîneur de Boulogne) : « Il n’y pas grand-chose à retenir ce soir de notre prestation. Poitiers a fait un très très bon match, comme cette équipe sait le faire à domicile. Maintenant, je vais le dire calmement, il faut montrer des réactions défensivement. Perdre à Poitiers, ce n’est pas honteux. Mais là, on n’a pas gagné un duel ! Les gars n’ont fait que subir. Poitiers a eau beaucoup de tirs ouverts. J'ai beaucoup de respect pour un joueur comme Jeff Greer, mais on ne peut pas le laisser mettre trente points... C’est une histoire d’intensité, de cœur, de tripes ! J’attends une réaction des garçons. On va savoir mardi si ce sont des messieurs. »

Photo Mickaël Planès