Hier
Il y a urgence à former les chômeurs
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 25 janvier 2016C’est l’une des principales mesures du plan d’urgence pour l’emploi annoncé, la semaine passée, par le Président de la République : 500 000 chômeurs vont bénéficier d’un programme de formation. Dans la Vienne, on se réjouit, mais avec quelques réserves.
Le chiffre paraît hallucinant, presque irréel. En France, 10% des demandeurs d’emploi bénéficient d’une formation qualifiante en vue d’un retour sur le marché du travail. A défaut d’inverser la courbe du chômage d’ici à 2017, le coup d’accélérateur voulu par le Président de la République a au moins le mérite de faire bouger les lignes. Sur le terrain, « son » plan de bataille pour remettre 500 000 personnes le pied à l’étrier est perçu comme une excellente nouvelle. « On ne peut qu’être satisfait », reconnaît Francis Dumasdelage, dirigeant de l’AFC. Cet organisme privé forme 2500 personnes par an, dont la moitié pointe à Pôle Emploi. C’est là que les choses se gâtent. Car la multiplicité des opérateurs (Pôle Emploi, région, Opca, FFSP…) impose des délais « trop longs ». « Entre l’émergence d’un projet et le départ en formation, un demandeur d’emploi peut parfois attendre jusqu’à six mois. Ce temps de latence est préjudiciable. »
Francis Dumasdelage relève une autre incohérence du système : l’inadéquation entre les parcours proposés et la réalité du marché du travail. « Chez nous, par exemple, les entreprises nous demandent tous les jours de former des commerciaux. Elles n’en trouvent pas ! » Appelons cela le paradoxe français : 400 000 emplois non pourvus, plus de 3,9 millions de chômeurs. Cherchez l’erreur ! D’ailleurs, à l’Afpa, bras armé de l’Etat, les annonces présidentielles conduisent à des projections mesurées. Trois cents postes… de formateurs pourraient voir le jour.
Formation = emploi
« Au centre du Vigeant, nous avons une quarantaine de places en permanence, pour des gens qui veulent accéder aux métiers du BTP, du gros oeuvre et à des formations réglementaires, illustre Philippe Pager, directeur du pôle(*). Potentiellement, nous avons la possibilité d’aller jusqu’à une centaine supplémentaire. Mais nous attendrons déjà d’optimiser le remplissage des centres… » Là encore, les stats ne mentent pas. Un demandeur d’emploi a entre 75 et 78% de chances d’obtenir son diplôme. « Et le taux de placement en entreprise avoisine les 73%, avec un CDD supérieur à six mois ou un CDI à la clé. » Des chiffres confirmés par Pôle Emploi. En 2015, dans la Vienne 2 275 demandeurs d’emploi ont suivi une formation, avec un taux de retour à la vie active de 55,1%.
L’année 2016 sera déterminante sur un autre terrain plus… politique. Entre Pôle Emploi -deux tiers des formations- et les Régions, le combat du guichet unique est engagé. En Aquitaine-Limousin-Poitou- Charentes, Alain Rousset revendique le leadership. « Dans l’ex-Aquitaine, cent quarante structures s’additionnent sans se parler », déplore le député de la Gironde. « Il faut laisser piloter les Régions qui le souhaitent. L’harmonisation serait souhaitable pour tout le monde », insiste Catherine Veyssy, sa vice-présidente en charge de la formation professionnelle, de l’apprentissage et de l’emploi. Nul doute que le président de Région le (re)dira à Manuel Valls, le 11 février, date du séminaire entre le gouvernement et les exécutifs.
(*) Ainsi que de celui de Niort.
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