
Hier
Drôle de paradoxe le 10 janvier dans l’agglomération poitevine. Des magasins ouverts en périphérie et sur le plateau, d’autres portes closes. Et le consommateur noyé sous des informations contradictoires. Le premier dimanche des soldes a un peu plus jeté le trouble sur le sujet sensible du moment. « De notre côté, nous avons choisi de ne pas ouvrir, glisse Gwenaëlle Hollman, directrice d’Auchan Poitiers-Sud. D’une part, parce que c’était trop court en délais, d’autre part parce que ce n’est pas la volonté du groupe. » Sans évoquer ses confrères poitevins, Mme Hollman regrette la distorsion de concurrence avec d’autres départements. En Charente, Angoulême a carrément dit banco à douze ouvertures dominicales par an, comme l’y autorise la loi Macron. « Ce serait vraiment bien que tout le monde soit sur un pied d’égalité… », soupire la dirigeante.
Dans la Vienne, le maire de Chasseneuil, Claude Eidelstein, a fait voter, en conseil municipal, cinq dimanches dans l’année : les 10 janvier, 26 juin et 4 décembre, en plus des deux autres avant les fêtes. De quoi s’attirer les foudres de Force Ouvrière, artisan majeur de l’accord entériné le 6 novembre 2003.
Appel à la raison
Un mois après ses premières escarmouches, son secrétaire général, Alain Barreau, se montre toujours aussi virulent. « Cet accord avait été signé à la demande des commerçants eux-mêmes, après un travail de négociation intelligent avec les organisations représentatives des employeurs et des salariés. J’appelle tout le monde à la raison, sinon nous porterons notre action sur le terrain juridique… » Et le patron de FO d’avancer un argument massue : « Les salariés qui acceptent de travailler le dimanche sont minoritaires et n’ont guère le choix. »
Christophe(*) bosse dans un commerce poitevin qui était ouvert le 10 janvier. Et se défend de toute manipulation. « J’étais volontaire et je le serai encore à l’avenir si l’occasion se présente. Je gagne deux fois plus qu’un jour normal et je bénéficie d’un jour de repos supplémentaire. Franchement, qui ne dirait pas oui à ces conditions ? » Parmi les organisations syndicales, Force Ouvrière est d’ailleurs très seule à l’heure de contester la loi Macron. Serait-ce le prélude à un nouvel accord départemental, moins restrictif ? La loi s’imposerat- elle sur le dispositif de 2003 ?... La Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) a été saisie.
(*) Le salarié ne souhaite pas mentionner son nom de famille ni le commerce dans lequel il travaille. Retrouvez, sur notre site Internet, toutes les dispositions légales sur le travail dominical dans les secteurs public et privé.
Tourisme
La convention collective nationale des organismes de tourisme prévoit des règles de rémunération particulières pour le travail le dimanche. Les salariés travaillant habituellement le dimanche, et plus de huit dimanches par an, ont ainsi droit à une majoration de 50% de la rémunération des heures travaillées ce jour-là. Ils ont en outre droit à une récupération de leurs heures, une heure travaillée leur donnant droit à une heure récupérée. Les salariés du tourisme qui travaillent de façon exceptionnelle le dimanche, dans la limite de huit dimanches par an ont, pour leur part droit, soit à la majoration de 50% du salaire pour les heures travaillées le dimanche, soit la possibilité de récupération des heures sur la base de 150%, soit trois heures récupérées pour deux heures travaillées.
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