Celui-là, il fallait <br>aller le chercher

Mené au terme des trois premiers quarts-temps et longtemps dominé physiquement par une équipe du Portel parfois à la limite de l’engagement, le PB 86 a su aller au bout de lui-même pour inverser la tendance, au terme d’un dernier acte de feu.

Nicolas Boursier

Le7.info

2300 personnes en fusion derrière des ex-moribonds redevenus morts de faim… Voilà la dernière image que Saint-Eloi conservera de ce boxing day fort en émotion. La Pro B, elle, se souviendra qu’à la faveur de ce succès dominical, Nelhomme et sa bande prennent place dans le huit majeur de la division. Impensable au soir de la débâcle -c’était hier- face à Saint-Chamond. « Le seul vrai non-match de ces trois premiers mois difficiles », dixit Nelhome.  

Tout avait pourtant débuté, ce soir encore, dans la plus grande des difficultés. Au cœur d’un débat musclé orchestré par une défense portelloise particulièrement rugueuse sur l’homme, il aurait alors été de bon ton que le corps arbitral accordât ses violons. Las pour le PB et pour des aficionados rapidement sortis de leur apathie d’après-agapes, M. Alouahabi ne l’entendait pas de cette oreille, qui sanctionnait plus souvent que la logique ne le réclamait des Poitevins tout ébaubis d’un tel manque de discernement. 
Le Portel et Var (huit lancers francs pour sa seule pomme) en profitaient pour piquer dans le cuir adverse, au prix d’attaques placées d’excellente facture et des prises de shoots parfaitement mises en situation par un jeu de déplacement rapide. Pareille partition aurait pu faire couler à pic n’importe quelle équipe. Pas le Poitiers de cette fin décembre, qui restait la tête hors de l’eau grâce à la maestria d’Harley (15 points en vingt minutes, 3/3 à 3pts, 15 d’évaluation) et de son compère Dorsey, lui aussi en verve à longue distance.
 
Et Greer se réveilla
Aux citrons, le PB pouvait certes s’estimer heureux de ne compter que quatre longueurs de débours (32-36), face à une formation nordiste sûre de son basket et de son physique. L’honneur lui revenait toutefois d’avoir su tenir tête. Il n’allait d’ailleurs pas tarder à entrevoir le bout du tunnel, à la lumière d’une résistance héroïque au combat des plus virils engagé par les Nordistes. Le petit Thinon muselé, c’est Greer, jusque-là indigent, qui sortait de sa boîte (11 points en dix minutes), pour ramener les siens à portée de fusil. Une technique sifflée à l’encontre du bouillant Cairo (enfin !) permettait même à Thinon, puis Ekperigin, d’accorder au PB son premier leadership depuis le milieu du premier quart-temps (60-58).
On jouait la 33e minute d’un match toujours aussi sulfureux et qui montait encore d’un cran lorsqu’un contre Dorsey-Harley décramponnait l’impétueux assaillant (64-60). Thinon de nouveau rayonnant à la manœuvre et au shoot (69-60), le PB pouvait enfin croire en son étoile. Le Portel, lui, avait déjà tout donné, dans une défense finalement devenue stérile, une dernière fois impuissante sur un obus du petit Thinon. 
Le PB respire de nouveau à pleins poumons, en accrochant cette troisième victoire de rang à son tableau de reconquête. Peut-être la plus belle !
 
Photo Franck Fétis
 
 
La fiche
Salle Jean-Pierre Garnier à Saint-Eloi. 2302 spectateurs. Arbitrage de MM. Alouahabi et Rambaud. Poitiers Basket 86 - Le Portel : 78-68. Mi-temps : 32-36. Score par quart-temps : 14-17, 18-19, 20-20, 26-12.
PB86 : Dorsey 18, Harley 15, Greer 13, Guillard 9, Ekperigin 7, puis Thinon 9, Joseph 7, Charles-Catherine 0, Morency 0,  Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
Le Portel : Mangin 11, Chathuant 12, McKay 8, Donaldson 15, Marquis 0, puis Begarin 9, Var 9, Cairo 4. Entraîneur : Eric Girard.
 
Ils ont dit
 
Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB 86 : « C’est une bonne victoire. Nous sommes en train de rattraper le temps perdu en début de saison, mais il faut garder de l’humilité, car nous ne sommes arrivés nulle part. Dans ce championnat, je persiste à dire que tout le monde peut battre tout le monde et que les succès et les défaites se jouent sur des détails. Ce soir, nous avons livré une partie cohérente, en ne retombant pas dans nos travers lorsque nous sommes revenus à hauteur. Tous les leaders, tous les joueurs dans l’ensemble, ont apporté leur pierre à l’édifice. Maintenant, la trêve arrive peut-être mal, mais nous avons quand même besoin de souffler. Au-delà, il importera de conserver l’état d’esprit qui est le noter depuis quelques rencontres.  »
 
Eric Girard, entraîneur du Portel : « On peut être frustré d’avoir échoué si près, mais je ne peux rien reprocher à mes joueurs. Avec seulement sept éléments de rotation, des fautes rapidement prises par Marquis et Donaldson, il était quasiment impossible de maintenir sur quarante minutes l’intensité que nous avons su imposer en première mi-temps. Face à nous, Poitiers n’a rien lâché et mérite sa victoire. Il y a très peu de temps, on me parlait encore de Pro A pour Le Portel et de N1 pour le PB 86. Quand je vois le match de ce soir, je rigole. Poitiers a une très belle équipe, un beau staff, un super public. Sa place est plus haut. »
 
Jeff Greer, ailier et capitaine du PB 86 : « Ça fait plaisir de jouer quarante minutes. Il y un mois, cette rencontre, on la perdait. Là, on a su faire bloc en équipe. La confiance est revenue et avec elle, on peut faire de très belles choses. Chacun à tour de rôle a su maintenir la flamme, comme Kévin en début de match, qui nous permet de rester vivants. On peut dire que nous avons livré un vrai match d’hommes, face à une équipe qui joue très physique. »
 
Darrin Dorsey, meneur du PB 86 : « L’état d’esprit affiché en ce moment tranche avec ce que nous avons montré en début de championnat. Le groupe est soudé et gagne en confiance. Ce soir, le plus important était de résister, dans un premier temps, à l’impact physique de notre adversaire. Au-delà, je crois que notre banc était plus fort que le leur et c’est en partie ce qui a fait la différence. Si nous conservons cette envie et ce niveau de défense, alors tout est envisageable. »
 

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