"Ne cédez pas aux codes de l'industrie du cinéma"

La 38e édition de « Poitiers Film Festival » démarre, demain, au Tap. Cette compétition met à l'honneur les jeunes talents du cinéma. Lors de la soirée d'ouverture, vous pourrez découvrir en avant-première "le Grand Jeu", en présence, notamment, du comédien Melvil Poupaud. Interview.

Florie Doublet

Le7.info

Nicolas Pariser, le réalisateur du « Grand Jeu », a-t-il écrit le rôle de Pierre pour vous ?
« Nicolas et moi nous connaissons depuis longtemps. Il m'avait interviewé lorsqu'il était encore journaliste il y a de cela une dizaine d'années. Je pense, effectivement, qu'il a écrit le rôle pour moi. Nous avons sensiblement le même âge et je pense que Nicolas se reconnaît un peu en moi »

C'est plutôt flatteur…
« Oui, bien sur, c'est toujours flatteur quand un metteur en scène a envie de travailler avec vous, d'autant plus quand il s'agit d'un réalisateur qu'on admire. On se sent un peu comme son porte-parole. »



Comment décririez-vous le personnage de Pierre ?

« C'est un homme désabusé, à la dérive, sans être déprimé pour autant. Il est en errance et donc facilement manipulable. »

Comment avez-vous préparé ce rôle ?
« Le véritable challenge, c'était les dialogues. Une scène de quelques minutes pouvait comporter dix pages de textes. Il fallait trouver une façon de dire ce texte sans ennuyer le spectateur. Qui plus est, j’apporte toujours un soin particulier aux costumes. Pierre, c'est d'abord une silhouette un peu avachie. C'est le mec qui, à une époque, a pu se payer des fringues cools, classes. Ils portent les mêmes depuis des années, donc ses habits chics sont élimés. Une fois qu'on a trouvé le bon look, la psychologie du personnage devient plus facile à déterminer. »

Pour « Laurence Anyway », cela devait être plus compliqué de choisir les vêtements d'une femme ? (Dans le film de Xavier Dolan il interprète une femme transgenre, ndlr).
« Non, là, Xavier avait collecté toute une garde-robe. Il est obsédé par les fringues, la mode... Quand je me suis pointé pour le film, on a fait des essayages à n'en plus finir, des hauts, des robes… Là, j'ai plutôt suivi le mouvement. »



Est-ce que vous tenez à votre image d'acteur pour films d'auteur ?

« Ce n'est pas que j'y tiens. Disons que j'ai besoin de jouer pour un film dans lequel je crois. Je dirais que c'est plutôt un confort. Il se trouve que je suis attiré par des metteurs en scène que l'on nomme « auteur », mais je trouve cette notion un peu désuète. »

Dans « By the Sea », vous jouez aux côtés d'Angélina Jolie et Brad Pitt. Comment s'est déroulé le tournage ?
« Cela s'est très bien passé. Pour moi, c'était impressionnant de me retrouver face à ces deux stars car elles sont très charismatiques, très belles, mais une fois la caméra enclenchée, j'avais l'impression d'être sur un tournage lambda. Ils avaient justement envie de faire un film d' « auteur », donc davantage tourné sur les rapports humains. C'est l'histoire d'un couple qui va mal, qui se déchire. Le film est très beau, il aborde de multiples aspects du couple comme la colère, la rancoeur, la perte de désir... »

Quels conseils pourriez-vous donner à la jeune génération des cinéastes que vous rencontrerez à Poitiers ?
« Je pense qu'il faut se méfier de cette tentation facile qui est de faire des films « commerciaux ». Les codes de l'industrie du cinéma sont dangereux. Mais j'ai confiance en la nouvelle génération. Les jeunes démarrent le cinéma de plus en plus tôt et sont de plus en plus talentueux. Xavier Dolan en est le parfait exemple. »

 

 

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