Collectivités cherchent acheteurs

Bâtiments administratifs, espaces verts, logements… Les collectivités locales et l’Etat cèdent de plus en plus leurs biens immobiliers devenus inutiles. Une façon de limiter les frais liés à leur entretien et aussi de renflouer les caisses. En plein essor, cette démarche séduit particuliers et entreprises en quête de bonnes affaires.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

Scène de la vie ordinaire. Alors qu’il passe dans le quartier Bel-Air, le dirigeant de Promoparcs.com, à la recherche de locaux, s’arrête devant l’ancienne annexe de la mairie. Les lieux sont vides. Le chef d’entreprise décroche son téléphone et négocie la cession du bâtiment avec la Ville. Après une longue procédure administrative, l’affaire est conclue.

Aussi simple ou presque qu’avec un agent immobilier. À l’image de ce patron, dont les bureaux sont désormais installés dans un bâtiment public désaffecté, de plus en plus de particuliers et professionnels guettent les opportunités. Chaque année, Grand Poitiers cède ainsi une dizaine de lots. « Nous vendons à qui veut bien acheter tout type de bien que nous considérons comme désaffectés, explique Carole Boinot, responsable « stratégie foncière » de Grand Poitiers. Les acheteurs sont aussi bien des particuliers que des entreprises. »

Déclassés, puis estimés, les biens obsolètes sont ensuite soumis à un appel d’offres d’acquisition, pour assurer la transparence de l’opération. « Nous publions une annonce sur Le Bon Coin ou dans la presse, comme le ferait une agence immobilière classique. » En 2014, la Ville a ainsi récolté 67 000€ grâce à la vente de quatre biens.

Des biens atypiques

« Dernièrement, nous avons vendu deux appartements rue Charles-Gide, reprend Carole Boinot. Mais notre catalogue ne se limite pas aux habitations. La preuve, avec la cession récente d’un ancien centre de réinsertion sociale. »

Ces dernières années, Etat, collectivités et entreprises publiques multiplient les ventes, histoire de réduire leurs coûts de fonctionnement et d’équilibrer leur budget. L’Etat présente environ deux mille annonces sur le site www.economie.gouv.fr/ cessions, avec 500M€ de gains en moyenne annuelle. La Poste valorise son patrimoine via son service Poste Immo. La Région et le Département procèdent de la même manière. « Avant, les collectivités n’étaient pas nécessairement concentrées sur la gestion de leur patrimoine, relève Eric Bontoux, chef du pôle affaires immobilières au Département. Mais aujourd’hui, l’heure est à la réduction des dépenses. Quand un immeuble inoccupé demande d’importants frais d’entretien, on le vend. »

Dernièrement, le Conseil départemental a ainsi prononcé la mise en vente de l’hôtel D’Estissac, rue de la Tranchée, à Poitiers, de l’ancien restaurant universitaire de la Technopole du Futuroscope ou encore du conseil des prud’hommes de Châtellerault. Pour ce dernier bien, l’opération ne s’annonce cependant pas évidente. « Qui aurait besoin d’une salle d’audience ?, sourit Eric Bontoux. De manière générale, nos biens sont assez atypiques. Les anciennes archives départementales sont par exemple devenues un hôtel. » En Deux-Sèvres, un couple a carrément flashé sur un château d’eau vendu 9 000€ par la Mairie de Niort…

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