L'Etat durcit le ton

Dans la Vienne comme ailleurs, la lutte contre l’insécurité routière va s’intensifier dans les semaines à venir. Et pourtant, le département fait figure de bon élève, avec des accidents moins graves et un nombre de morts contenu sur les neuf premiers mois de l’année.

Arnault Varanne

Le7.info

« Plus de 90% des automobilistes respectent globalement les règles. Les autres s’y soustraient… » L’aveu de ce gradé de la police nationale sonne comme une évidence. Sur la route, certains comportements se sont relâchés ces dernières années.

L’effet sanction du radar automatique a d’ailleurs vécu. Depuis le 1er janvier, les vingt-cinq spécimens de la Vienne ont flashé 20% de moins qu’en 2014(*). « Moins d’infractions relevées, cela signifie qu’il faudra envisager d’autres implantations à l’avenir », indique Stanislas Alfonsi, directeur de cabinet de la préfète de la Vienne. Qui ajoute que les radars à double sens et tronçons sont « des dispositifs à promouvoir ».

Reste que la vitesse ne figure pas forcément en tête du hit parade des causes d’accidents. Téléphone, alcool et stupéfiants constituent un cocktail détonant au contact du volant. Mais, contrairement au reste du pays, le tableau n’est pas noir -loin de là !- dans la Vienne. Certes, le nombre d’accidents a crû depuis le début de l’année (308 contre 293 à fin septembre), mais ceux-ci ont fait moins de blessés et, surtout, entraîné moins de victimes hospitalisées (135 contre 161).

Sur les neuf premiers mois de l’année, dix-sept personnes ont perdu la vie sur les routes du département. Parce que « personne ne peut s’en satisfaire », selon le représentant de l’Etat, la répression ira crescendo dans les semaines à venir.

« Tous responsables »

Le 2 octobre, dans le souffle du Comité interministériel de sécurité routière, le Premier ministre Manuel Valls a annoncé vingt-deux nouvelles « mesures fortes ». Parmi celles-ci, la présence de dix mille radars leurres sur le bord des routes, cinq cents nouveaux radars, le recours aux drones, le port obligatoire de gants pour les motocyclistes, un contrôle technique obligatoire pour les deux-roues en cas de revente, la montée en puissance de l’éthylotest de démarrage, une présence accrue des forces de l’ordre…

Autant de dispositifs qui satisfont la Prévention routière 86. « S’il n’y avait que moi, l’éthylotest anti-démarrage serait en série sur les voitures, car il y a toujours mille morts par an sur les routes de France à cause de l’alcool. Et c’est un fléau », estime le président de l’association, Joseph Dupeyron. Même satisfaction sur l’obligation du port du casque chez les cyclos de moins de 12 ans. « Dans 40% des accidents de vélo, la tête porte en premier sur le sol. Même les cyclistes professionnels ont fini par s’y mettre ! »

Au-delà, une question demeure : comment ancrer dans la conscience collective que « la vitesse est un facteur aggravant » dans la plupart des accidents ? Dans son dernier train de mesures, le gouvernement n’a pas opté pour l’abaissement de 90 à 80 km/h, sur les Nationales. Mais Joseph Dupeyron n’y est « pas favorable », tant que les résultats des expérimentations n’auront pas été publiés. « N’oublions pas que neuf accidents sur dix sont dus à des erreurs humaines. C’est à cela que le gouvernement a décidé de s’attaquer, avec un objectif de moins de deux mille tués en 2020. Nous avons tous notre part de responsabilité. » (*)Les cinq radars feu rouge ont, à l’inverse, connu une hausse de leur activité d’environ 20%.

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