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« Ici, on n’a plus peur de l’avenir… »
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 28 septembre 2015Deuxième volet de notre série « Les oubliés de la vie », en partenariat avec Audacia. Cette semaine, le « 7 » ouvre ses colonnes à Eldar et Anita. Ce couple s’est retrouvé deux fois sur la route de l’exil, avant de démarrer une nouvelle vie à Poitiers.
Eldar, 32 ans. Anita. 28 ans. Le premier est Azerbaïdjanais, la seconde Russe. Les deux forment un couple depuis 2008 et sont parents d’Asen (6 ans) et Elina (3 ans). D’exil en exil, ils ont atterri à Poitiers, en décembre 2011, à l’issue d’une errance forcée. Explications dans un français presque impeccable.
Eldar. « Je vivais avec mes parents à Birindi-Chiklin, un petit village d’Azerbaïdjan. Mon père était Azerbaidjainais et ma mère Arménienne. Mon père nous a protégés jusqu’à son décès, en 2007. Mais quand il est mort, mon oncle est venu nous frapper en disant que les Arméniens n’avaient pas leur place ici. Il nous a donné trois jours pour quitter le pays. Ma mère est décédée de ses blessures à l’hôpital. Et moi, j’ai été frappé tous les jours jusqu’à ce que je m’enfuie. Un ami de mon père m’a aidé à passer la frontière, avec un chauffeur qui m’a emmené jusqu’à Piatigorsk. Je suis arrivé dans cette ville russe sans papier ni argent. J’ai fait les marchés quelques jours pour manger. Et puis, j’ai réussi à décrocher un petit boulot dans un salon de coiffure. »
« On sait où tu habites, tu vas le regretter ! »
Anita. «Avec Eldar, nous nous sommes rencontrés à Piatigorsk. Ce fut le meilleur moment de ma vie. Mon père a été tué à la guerre en 2005 et je vivais là avec ma mère, au milieu de la communauté arménienne. J’avais commencé à travailler dans un cabinet dentaire, où ma mère faisait le ménage. »
Eldar. « Je n’avais pas de papiers, mais j’arrivais quand même à travailler comme coiffeur. Aux policiers qui venaient me contrôler, je donnais de l’argent ou de la vodka. Mais, un jour, la mafia a débarqué et m’a fait comprendre que je n’étais pas le bienvenu. J’ai payé cinq ou six fois, puis je suis tombé malade et j’ai été absent un mois. Ils sont revenus et ont exigé que je verse 2000 dollars. Ils m’ont dit : « Tu as un enfant (Asen est né en 2009, Ndlr), on sait où tu habites, tu vas le regretter ! » On te donne quinze jours pour payer 3000 dollars. Puis, ils sont partis en cassant tout dans le salon. »
Anita. « A l’époque, j’étais enceinte d’Elina et il a fallu prendre une décision très rapide. Eldar voulait nous protéger, nous avons pris la décision de partir, en vendant tous nos biens pour payer les 5000 dollars que réclamait la personne qui nous avait proposé de quitter la Russie. »
Eldar. « En décembre 2011, nous avons atterri à Paris. On nous a dit qu’une organisation, le CCAS, pourrait nous aider à Saintes. Puis, nous avons été redirigés vers le Cada de Poitiers. Les premiers jours ont été difficiles car Anita était enceinte de sept mois et nous dormions dans un centre d’hébergement d’urgence. Après, les gens ont été très gentils avec nous… »
Et aujourd’hui… « Nous avons fait une demande de droit d’asile à la Cnada (Commission nationale du droit d’asile, Ndlr) il y a plusieurs années et nous aurons la réponse le 6 octobre, commente le père de famille. « Ici, on n’a plus peur de l’avenir. Je voudrais tellement oublier ce qui s’est passé dans notre vie d’avant. On a trouvé notre équilibre, des amis français. On s’implique dans des associations. Si la réponse de la Commission est négative, je ne saurai pas quoi faire… », conclut sa femme. Les larmes aux yeux et le cœur lourd.
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Patricia Thoré, l'amie des bêtes
Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.