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Cette année, le ramadan tombe dans une période de fortes chaleurs. En dépit de ces contrariétés, les musulmans vivent ce mois de jeûne comme un instant de purification.
Il est l’un des cinq piliers de l’Islam. Et le plus respecté par la communauté musulmane. Selon la tradition, le ramadan marque le début de la révélation du Coran au prophète Mahomet par l’archange Gabriel et se traduit par un mois de privation, d’épreuve, mais aussi de partage et de convivialité. Du lever au coucher du soleil, boissons et nourriture sont interdites. Asmaa Boussaha a 20 ans et le pratique depuis plusieurs années. « Pour moi, le ramadan est une période de purification du corps et de l’âme, au cours de laquelle nous, musulmans, faisons preuve de plus de compassion et d’ouverture d’esprit. Il n’est pas uniquement question de privation. Nous devons profiter de ces jours pour nous replacer dans le contexte d’un monde fait d’inégalités. »
Comme la jeune étudiante, 71% des musulmans pratiqueraient de façon rigoureuse le ramadan, d’après une étude Ifop réalisée en 2011. Dont une part croissante de jeunes : 73% des 18-25 ans jeûnaient en 2011, contre seulement 59% vingt ans auparavant. Zouhir Driouache, jeune athlète de 18 ans, fait partie de cette nouvelle génération de pratiquants. Malgré un lourd programme d’entraînement, le récent vainqueur du Trail des Buis, à Buxerolles, ne manque pas un seul jour de jeûne. S’il reconnaît que les « conditions climatiques actuelles sont très contraignantes », il lutte contre la soif et la faim. « J’adapte mes programmes d’entraînement, de manière à ne pas dépasser mes limites, explique le pensionnaire de l’EPA86. Je pars à l’entraînement avec une bouteille d’eau dans mon sac. Juste au cas où je ne pourrais plus tenir. »
« Je préfèrerais être en cours »
Car si le corps ne « tient plus », pas question de le laisser en souffrance. Rompre le jeûne en cas de grande faiblesse n’est pas quelque chose de mal perçu dans la communauté musulmane. « Le fait de ne pas avoir jeûné appelle à le faire plus tard ou à le remplacer par une compensation, telle que l’aumône », précise l’imam de la mosquée de Poitiers, Boubaker El Hadj Amor. En juin 2014, au moment de la coupe du monde de football au Brésil, de nombreux joueurs musulmans avaient ainsi profité d’un « report » de leur ramadan, pour ne pas mettre leur corps en danger. Et cela ne concerne pas uniquement le milieu sportif.
À 40 ans, Sidali Baadj, entrepreneur individuel en maçonnerie, travaille chaque jour de 7h à 20h, dans des conditions très rudes. Lui n’a pourtant jamais « failli ». « Même si les premiers jours sont difficiles, tout est question de volonté, raconte-t-il. Dieu me donne un courage exceptionnel. Il y a quelques années, lorsque j’étais salarié, mon patron me disait : « Je vous préfère quand vous jeûnez, vous travaillez plus. » »
Tout est finalement question d’occupation de l’esprit. Asmaa, elle, « serai(t) mieux à l’université en ce moment ou en train de passer le bac, plutôt que de profiter de (ses) vacances ». Beaucoup d’interrogations subsistent autour du ramadan mais les clichés tendent à tomber et les mentalités à évoluer. Au fil des ans, le maçon poitevin a ainsi vu le regard des non musulmans changer. « Le ramadan est de plus en plus compris de mes compatriotes. Mes clients me posent régulièrement des questions. Je leur explique que l’Islam n’est pas quelque chose de mal et que nous sommes très ouverts. Nous sommes tous frères et soeurs et devons avancer ensemble. »
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Patricia Thoré « de la Maraf ». 67 ans. Originaire de Rochefort, arrivée dans la Vienne en 1998. Ancienne militaire de carrière aujourd’hui responsable de la Maison d’accueil et de retraite des animaux de la ferme, à Salle-en-Toulon. Amie des bêtes et femme de conviction.