Des stagiaires moins précaires

Votée au Parlement le 26 juin 2014, la loi qui encadre les stages en entreprises s’appliquera pleinement à partir de septembre prochain. Sur le terrain, le texte bénéficie d’un accueil favorable… à quelques réserves près sur la hausse des gratifications.

Arnault Varanne

Le7.info

A l’heure actuelle, Jean-Baptise Dubreuil effectue un stage dans une agence de création publicitaire, à Mignaloux- Beauvoir. Aucun problème à signaler pour l’étudiant en Master 2 Globalisation et stratégies des firmes à l’université de Poitiers. « Tout se passe bien, je vous l’assure ! »

Au-delà de sa casquette d’« apprenti professionnel », le président de l’Association fédérative des étudiants de Poitiers (Afep) surveille de près le sujet brûlant des conditions d’accueil des stagiaires en entreprise. La réévaluation des gratifications, introduite dans la loi du 26 juin 2014 ? « C’était nécessaire et la mesure a été bien accueillie », insiste-t-il. A partir de septembre prochain, dans le secteur privé, les stagiaires toucheront au minimum 520€ par mois, au-delà de deux mois de stage.

Avant 2006, les pratiques abusives se multipliaient, faute de réglementation. Et le stagiaire était souvent considéré à tort comme un supplétif des équipes de salariés. « Aujourd’hui, les choses se passent mieux parce que nous sommes encadrés par un référent universitaire et un référent professionnel », admet le président de l’Afep. N’empêche, certaines habitudes ont la vie dure. Directeur du Master d’Intelligence économique à l’IAE de Poitiers, Nicolas Moinet cite volontiers l’exemple d’un cabinet d’avocats, très soucieux de ses deniers. « Ce cabinet voulait nous faire signer une double convention sous deux noms de structures différentes, pour éviter de rémunérer l’étudiante. J’ai évidemment refusé et l’entreprise a payé ! » D’ailleurs, certaines multinationales n’hésitent pas à rémunérer les stagiaires plus de 1000€ par mois, avec des avantages induits.

« Quelques cas isolés »

Ce qui vaut pour de grands comptes vaut-il cependant pour des TPE ou PME de la Vienne ? Patrice Lemonnier craint que non. « Plus de 500€ par mois, c’est déjà un budget pour des petites structures. Je ne dis pas que c’est un frein, mais il faut réfléchir à tous les aspects du stage », estime le directeur régional de la communication de La Poste. Et le président de l’association Réseau Com 86 d’ajouter : « Accueillir un étudiant, c’est un vrai investissement en temps. Il est là pour apprendre et doit être accompagné au mieux… » De son côté, Nicolas Moinet aurait aimé que le législateur tienne davantage compte des niveaux, qualifications, durées, lieux… « Vivre avec 500€ par mois, ce n’est pas la même chose à Paris qu’à Poitiers. Le sujet est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît ! »

Dans leur grande « bonté », les députés ont déployé un arsenal de mesures favorables aux stagiaires, au-delà de la rémunération. Les stages de plus de six mois sont désormais interdits, le temps de travail limité, les congés possibles et des tickets restaurants et indemnités de transports peuvent être accordés. Bref, le spectre de l’esclavagisme moderne a fait long feu. Ce qui n’empêche pas les syndicats étudiants de rester sur leurs gardes. « Excepté quelques cas isolés, on nous signale peu de problèmes », conclut Jean-Baptiste Dubreuil.

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