Interdit aux moins de 15 ans

Adoptée cet été, la loi sur la refondation de l’école interdit aux élèves d’entrer en apprentissage avant leur quinzième anniversaire. Dans la Vienne, une cinquantaine de familles doivent trouver une solution dans l’urgence.

Romain Mudrak

Le7.info

Wilfried n’a pas effectué sa rentrée le 4 septembre, comme ses camarades du Campus des métiers de Saint-Benoît. Pourtant, le jeune homme s’était plié à toutes les obligations en vigueur. Après un brillant parcours au collège, il avait obtenu son brevet sans problème. Dès le mois de juillet, l’ado avait signé un contrat d’apprentissage avec le garage Daniau, à Couhé-Vérac. Sa maman, Isabelle, était heureuse qu’il ait trouvé sa voie aussi facilement : «Wilfried avait effectué des stages en carrosserie avant de choisir l’apprentissage. Il était sûr de lui. » Oui mais voilà, une nouvelle loi est venue mettre un coup de frein à ses ambitions. Depuis cet été, tout apprenti désirant intégrer une formation
en alternance doit avoir au minimum 15 ans. Or, Wilfried ne fêtera son anniversaire que le... 27 novembre.

A la Chambre de métiers et de l’artisanat, les agents sont abasourdis. Les appels se multiplient. Une quarantaine de cas semblables ont d’ores et déjà été enregistrés. La colère monte. « On dit qu’il faut lutter contre le décrochage scolaire, mais ces élèves ne peuvent pas faire leur rentrée au CFA, s’indigne le président de la Chambre, Joël Godu. Ils devront parfois attendre leur anniversaire jusqu’à décembre. Certains se décourageront ou iront dans une filière par défaut. C’est ridicule. »

La situation est semblable au centre de formation du bâtiment et dans le secteur du commerce. Au total, une cinquantaine de familles doivent trouver, à la hâte, une solution de repli. Toutefois, une alternative provisoire se dessine. Les chambres consu-laires aimeraient que les lycées professionnels relevant de l’Education nationale acceptent les élèves jusqu’à leurs 15 ans. Ces derniers n’iraient pas en entreprise, mais resteraient en cours plutôt qu’à la maison. « Quelles complications supplémentaires en termes de transports et de matériels, pour un problème si dérisoire », commente Christian Sureau, responsable du Campus des métiers. Pour le moment, rien n’est signé. La plupart des victimes de cette situation devront rester chez elles au moins jusqu’à la fin du mois. Le patron de Wilfried s’est engagé à garder sa place au chaud jusqu’à la fin novembre. D’autres préfèreront à coup sûr recruter un autre apprenti plus âgé. Au grand désespoir des familles.

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