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Jean-Pierre Gesson : «Mon année la plus dure»
Catégories : Education, Université Date : dimanche 13 septembre 2009Président de l’université de Poitiers depuis octobre 2003, Jean-Pierre Gesson revient sur l’impact des blocages qui ont paralysé les facultés en début d’année.
L’année chaotique 2008-2009, parsemée de mouvements sociaux, a-t-elle entaché l’image de l’université ?
«Cette année a été la plus dure que j’ai vécue. Les événements auront un effet, c’est sûr. Nous pourrions perdre 500 étudiants environ. Néanmoins, les effectifs augmentent en médecine, en sports et à l’IAE (*). On s’attend à une érosion en sciences, lettres et langues et même en droit. En 3 ans, on est passé de 4 500 à 3 200 étudiants en sciences humaines et arts (SHA). De même, la première année de psycho a perdu 50% de ses étudiants (de 700 à 350).»
Quelles sont les conséquences sur les résultats ?
« Le taux de réussite globale a baissé de 4,5%. Ce n’est pas énorme ! Le rattrapage y est pour beaucoup. 28% des étudiants de l’université ont été touchés mais tous les cours ont été rattrapés. Il n’y a qu’en lettres et langues et SHA que nous avons dispensé 85% des cours alors que le ministère demandait 90%. Problème, le redémarrage est toujours compliqué. Les étudiants en difficultés ont plongé davantage. »
Dans un contexte de réforme, l’université de Poitiers est-elle fragilisée en cette rentrée ?
« On a plus d’argent à l’université. Les promotions se multiplient. On ne connaît pas la crise mais elle joue sur la mentalité des gens. D’autre part, entre la nouvelle loi sur l’autonomie, la réforme du statut d’enseignant-chercheur et du CNRS, l’intégration de l’IUFM… le personnel perd ses repères. Dans ce contexte, quand on a fait appel au cabinet de consultants Deloitte afin de revoir notre organisation, certains ont parlé de plan social. »
Et vous-même ?
« L’université est plus autonome. De ce fait, son président est devenu la cible pour une poignée d’étudiants très déterminés qui s’en prenaient auparavant au recteur. Ils ont occupé la présidence trois fois, on n’avait jamais vu ça. Or, dire que tout le pouvoir est entre les mains du président est une caricature. C’est le conseil d’administration (CA) qui vote. Néanmoins, en plein mouvement, trois doyens membres de mon équipe au CA ont été élus à bulletins secrets dans les facultés. Une majorité silencieuse me soutient. »
(*) Institut d’administration des entreprises
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