La décision est suffisamment rare pour être signalée. Une femme de 40 ans, en détention provisoire, vient d'être remise en liberté et placée sous contrôle judiciaire. Elle est suspectée d'avoir orchestré l'agression de son propre compagnon. Par ricochet, l'un de ses complices présumés sortira prochainement de prison, alors qu'il n'avait rien demandé.

Romain Mudrak

Le7.info

L'affaire est étrange et le mobile non encore établi. Fin octobre, les gendarmes interviennent dans une belle demeure de Masseuil, un lieu-dit de Quinçay. Le propriétaire des lieux vient d’être agressé par trois voleurs, armés d'un poing américain, d'une matraque et d'une... poêle à frire. La victime, de bonne composition, parvient à neutraliser un individu et à mettre en fuite le deuxième. Son fils stoppe le troisième grâce à un sabre japonais. Finalement, la compagne de la victime arrive d'une autre pièce. Le calme est rétabli. Elle téléphone aux forces de l'ordre.

Est-ce cette compagne qui tenait la poêle à frire ? Les complices sont formels. Elle leur a demandé de la venger de son mari violent. En contrepartie, elle leur a offert sa voiture et quelques objets de la maison. Résultat, elle est mise en examen et placée en détention provisoire.

Devant la chambre d'instruction, ce matin, la jeune femme, sanglotante, a maintenu sa version : « Je n'ai pas commandité cette agression. Depuis deux ans, je suis parfaitement heureuse avec mon compagnon. » L'affaire sera appréciée sur le fond dans les prochains mois. En attendant, contre l’avis du parquet, la prévenue a été placée sous contrôle judiciaire, avec interdiction d’entrer en contact avec ses supposés complices. Elle devra pointer une fois par semaine au commissariat d'Ivry-sur-Seine, où habite sa soeur qui a accepté de l'héberger. Du coup, l'un de ces fameux acolytes, également en détention provisoire, a été logiquement libéré à son tour par la chambre d'instruction. Les gardiens de la prison de Vivonne viendront bientôt dans sa cellule pour lui annoncer sa la bonne nouvelle, alors qu’il n’a effectué aucune démarche. « Ça ne veut pas dire qu'on vous croit », a conclu le juge à l’attention de la présumée commanditaire.

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