Dans sa belle province du Nouveau Brunswick, Eric Haché est une voix qui compte. Pendant dix jours, le chanteur-compositeur du groupe « La Virée » et deux de ses compagnons de route égaient le Parc des expos de leurs mélodies du bonheur.
Lorsqu’il vous accueille, Eric Haché ouvre ses bras sans jamais les refermer. Et vous tape la causette comme s’il vous fréquentait depuis l’enfance. L’accent de son Acadie natale renforce la chaleur de l’échange. « Chez nous, on est comme ça, ouverts sur l’autre. » Qu’il doit être beau, son « chez lui » !
L’écouter parler est un délice. L’entendre chanter une bouffée d’air pur. Depuis dix ans et la création du groupe « La Virée », le gaillard vole par-delà les nuages. Ceux des joies intenses et des humanités fusionnelles. « Au fil des années, raconte Eric, mes partenaires ont changé. Nous ne sommes plus que deux de la formation originelle, le batteur et moi. Mais le plaisir de donner un concert, où qu’il ait lieu, est toujours le même. On part jouer comme on va à la pêche, avec l’adrénaline dans les bagages, impatients et innocents. »
Vivre de la musique, en une province du Nouveau Brunswick qui paie, elle aussi, un lourd tribut au chômage -« surtout l’hiver, en bord de mer »-, n’est pas évident. Eric n’en vit d’ailleurs pas. « Je travaille dans une salle de spectacles. On est tous obligés d’avoir un boulot à côté. Mais quand on prend notre baluchon, on ne pense à rien d’autre. »
Communion bretonne
En dix ans, la notoriété de La Virée a largement dépassé les limites de l’intimité acadienne. Surtout après les sorties de ses deux albums, « L’Ordre du bon temps », en 2005, et « 1,2,3 go ! », en 2007. Reconnus en leur pays, Eric et ses quatre acolytes le sont aujourd’hui en Bretagne, qu’ils fréquentent régulièrement. « En 2004, nous avons eu la chance de participer au festival inter-celtique de Lorient. Ça a été une vraie révélation. On y est revenus à trois autres reprises. »
Sur la foi de cette « communion bretonne », l‘idée a fait son chemin de préparer un troisième opus aux accents « plus celtiques et instrumentaux ». « Notre premier album était du folk traditionnel, parsemé de reprises de groupes ou d’artistes acadiens. Avec le deuxième, nous avons glissé vers un folk plus rock. Là, on a encore envie de faire évoluer notre sauce. »
Pendant dix jours, c’est Poitiers que « La Virée » espère convaincre, au gré de plusieurs mini-concerts, l’après-midi et en soirée, dans la maison acadienne et sur l’espace restauration. A ses côtés, Eric peut compter sur le guitariste et le violoniste de son quintette. Et aussi sur son épouse, violoniste solo, qui donnera elle aussi des airs de fête à la Foire Expo. « Notre mission est clairement définie : donner une image sympa de la culture acadienne et renvoyer à plus de modernité. » Il rit : « Faut pas croire. Chez nous, les pêcheurs et les paysans n’utilisent plus les outils d’autrefois. Ils se sont eux aussi mis à la page. »
Là-bas, au pays, à Moncton où il réside avec femme et enfants, Eric a le regard posé sur l’océan. A l’horizon, la France et l’Europe. Un rêve ? « Si un diffuseur veut bien s’occuper de nous, bien sûr. Mais pour quelques tournées. Car jamais je ne quitterai le Nouveau Brunswick. »
Ainsi est Eric Haché. Attaché à ses racines, à la chaleur de sa province, à cette dualité enrichissante –« et plus du tout conflictuelle », entre francophones et anglophones. Amoureux de son Acadie, tout simplement ! Ecoutez. Vous l’entendrez…