Les campagnes en campagne

Les élections dans les chambres d’agriculture s’inscrivent cette année dans un contexte de crise agricole aiguë. Comment se traduira-t-il dans la Vienne, l’un des trois départements où la Coordination rurale est arrivée en tête en 2019 ? Verdict le 6 février.

Claire Brugier

Le7.info

Des normes et réglementations qui s’empilent, une concurrence internationale favorisée par des accords de libre-échange, un réchauffement climatique plus que préoccupant… C’est sur fond de crise agricole aiguë que se déroule du 7 au 30 janvier la campagne électorale dans les chambres d’agriculture. Clôture du scrutin le 31 janvier et verdict le 
6 février pour les dix collèges, et notamment celui des exploitants agricoles. Dans la Vienne, il représente 18 des 33 sièges convoités.

En 2019, sur fonds d’abstention record -presque 74%-, la Coordination rurale (CR86) avait obtenu 40,71% des voix, contre 38,16% (3 sièges) à la FNSEA-JA et 21,13% (2 sièges) à la Confédération paysanne. Six ans plus tard, le nombre d’électeurs, tous collèges confondus, s’est érodé, passant de 21 900 à 
19 821, et le contexte agricole a changé. « Des élections dans un tel contexte, c’est inédit, remarque François Turpeau. Depuis le début de la crise, fin 2023, nous avons montré une forte présence, mené de nombreuses actions. » La CR86 a ainsi gagné en visibilité… et en adhérents ! 
« Leur nombre a plus que doublé, confirme le président de la CR86 et vice-président de la Chambre d’agriculture qui aspire à voir son syndicat « se maintenir au niveau local » et « gagner d’autres chambres à l’échelle nationale ». A ce jour, seuls le Lot-et-Garonne, la Haute-Vienne et la Vienne sont sous la bannière de la Coordination rurale. « Notre priorité sera de faire en sorte que la future Politique agricole commune nous protège, car aujourd’hui la situation est catastrophique, nous sommes à la merci des cours mondiaux. »

Un constat partagé

De son côté, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs (JA), majoritaires en France, font une nouvelle fois listes communes pour reprendre la chambre d’agriculture départementale. « Aujourd’hui, les agriculteurs attendent plus de services, souligne Aurélie Fleury. Notre priorité sera de les accompagner, de redonner à la chambre un rôle d’acteur majeur pour redynamiser l’agriculture départementale et de représenter tous les agriculteurs auprès des acteurs du territoire. » La présidente de la FNSEA86 promet entre autres « davantage de techniciens bovins » ou encore « la mise en place de services pour la transmission mais aussi pour l’accompagnement à la diversification des futurs installés ». De son côté, la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole en lice, prône « un changement de modèle ». 
« Tous les syndicats sont à peu près d’accord sur le constat, mais sur la mise en œuvre les clivages sont importants, souligne Pierre-Jean Clerc. Il y a eu de petites avancées par-ci par-là, au niveau national mais aussi local. Par exemple, avant la Coordination rurale, dans la Vienne, tout maraîcher qui s’installait n’avait pas accès à l’eau. » Plus largement, « on ne fait pas tous le même métier, poursuit le porte-parole de la Confédération paysanne. Entre le sud et le nord de la Loire, deux logiques s’affrontent. Ce n’est pas d’aujourd’hui, ça fait cinquante ans que ça dure. »

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