Assurances : 
les collectivités à découvert

Au moins une quinzaine de communes de la Vienne sont confrontées à une hausse sans précédent de leurs cotisations d’assurances. Poitiers n’est même plus couverte pour ses bâtiments depuis le 1er janvier 2025. Un casse-tête.

Arnault Varanne

Le7.info

Le nouvel appel d’offres sera-t-il enfin fructueux ? Réponse en avril pour la Ville de Poitiers, dont les bâtiments communaux ne sont plus couverts par une compagnie d’assurance depuis le 1er janvier 2025. Et pour cause, « nous payions 
163 000€ par an et on nous demandait 540 000€ pour l’année à venir », déplore Robert Rochaud, adjoint aux Finances. « Avec une franchise qui passait de 10 000€ à 50 000€ », ajoute la maire de Poitiers Léonore Moncond’huy. Face à cette explosion des coûts, la Ville a donc temporisé, en espérant qu’aucun sinistre d’ampleur ne survienne.

Plusieurs facteurs expliquent cette impasse qui touche de très nombreuses villes françaises, dont Châtellerault(*). En particulier les émeutes de l’été 2023, mais pas que. 
« On arrive aussi aux limites de la non-adaptation au changement climatique, estime Robert Rochaud. Il y a de plus en plus de tempêtes, d’inondations, de dommages et les assurances n’arrivent plus à faire face. Il y a quelques années, les assureurs sont venus sur le marché des collectivités le percevant comme intéressant. Mais beaucoup se sont cassé la figure. » De fait, en dehors de la Smacl -mal en point financièrement- et de Groupama, l’offre offerte aux communes s’avère réduite. D’où une inflation des tarifs après que « le prix moyen des attributions au mètre carré pour les dommages aux biens a été divisé par deux entre 2012 et 2017 », selon un rapport du Sénat en date du 
27 mars 2024.

Quid de la suite ?

Un groupe de travail sur l’assurabilité des collectivités a vu le jour début 2024 à l’initiative de l’Association des maires de France. Comme Jérôme Neveux, président de l’AMF86, la maire de Fontaine-le-Comte y participe. Dans sa commune, les coûts de l’assurance ont augmenté de 101% en cinq ans, les risques statutaires sont passés de 36 000 à 73 000€... « Les assureurs considèrent que les collectivités ne gèrent pas assez bien le risque. C’est tout le contraire, même si j’entends les arguments sur les émeutes et le dérèglement climatique », 
précise Sylvie Aubert. Un rapport avec des propositions précises devait être remis au gouvernement Barnier... censuré à l’Assemblée nationale. « Nous voulons bien faire des efforts, mais il faut que les assureurs jouent le jeu. Nous sommes prêts au rapport de force car nous assurons la continuité du service public », indiquait en septembre Alain Chrétien, maire de Vesoul et co-auteur du document. Comment sortir de l’impasse ? De son côté, Poitiers « regarde les critères qui pourraient faire qu’on diminue le nombre de surfaces à ne plus assurer ». Autrement dit ne plus couvrir une partie de son patrimoine et aboutir à une sorte d’auto-assurance. Sylvie Aubert est réticente. « Cela finira par avoir un coût et ce sera probablement insurmontable à un moment donné. Cela ne me semble pas raisonnable. » 


(*)Joint par nos soins, le maire de Châtellerault Jean-Pierre Abelin n’a pas souhaité s’exprimer.

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