Benoît Gilles, 29 ans. A délaissé sa formation d’ingénieur du son pour l’intimité de la création artisanale. Travaille le métal à l’ancienne, avec un souci infini du détail et de la fidélité historique.
On ne vient pas dans son antre par hasard. Mais on en repart conquis. Les 25 m2 de son atelier, gracieusement libérés par l’usine Sécatol de Saint-Benoît, respirent la poussière et l’huile de coude. C’est là, à l’abri des regards, que Benoît Gilles nourrit depuis deux ans sa passion pour le travail du métal.
Arcbouté sur des outils d’un « autre âge », l’autodidacte poitevin martèle sa détermination à donner ou redonner vie. « Lorsque je me suis lancé, fin 2008, j’ai souhaité lier l’utile à l’agréable, en reproduisant à l’identique des pièces d’armures de l’époque médiévale, que j’ai toujours adorée. »
On le disait alors « batteur d’armures ». Ses clients ? Des adeptes de reconstitution des champs de bataille d’autrefois. « Les reconstitueurs, comme on les appelle, sont soucieux du détail millimétré. Moi aussi. »
A partir de cuivre, alu, laiton ou acier de récupération, l’ancien ingénieur du son vous ressusciterait sans ciller l’harnachement du Prince Noir et les affrontements de Nouaillé-Maupertuis. « Hélas, on ne me l’a jamais demandé. »
Malheureusement pour lui, le marché de la reconstitution a vite « saturé ». « Je suis plus connu hors de frontières que dans ma propre ville, se lamente-t-il. Et pourtant, je ne veux pas quitter Poitiers, c’est mon berceau et je m’y sens bien. »
Alors comment faire ? Comment faire pour continuer à user du marteau, de l’enclume et du tas à former, sans risquer de se compromettre économiquement. « En se diversifiant », lâche-t-il.
De batteur à dinandier
Depuis six mois, le jeune homme a ainsi décidé d’élargir le spectre de sa création. « On me fait appel pour un peu tout, signe-t-il. Des arrêts de volets mode XVIIIe, une girouette, là encore du XVIIIe, que j’ai conçue pour un particulier du Nord de la France. » Actuellement, Benoît met la touche finale à la confection d’une vasque pour un baptistère du Béarn, commandée par le diocèse du coin. « Je continue certes à faire de reconstitution historique, mais disons que de batteur d’armures, je me suis transformé en dinandier de l’acier. » Les puristes apprécieront. Benoît, lui, aime ces renvois à l’histoire et à la noblesse de l’artisanat d’orfèvre. « Je suis l’un des rares en France à façonner mes produits comme ça, en n’utilisant que des outils d’époque. Hélas, j’ai du mal à asseoir une vraie notoriété locale. »
Le message est lancé et mérite d’être entendu. Car ce petit gars-là a du talent dans les veines. Vous ne viendrez pas dans son atelier par hasard. Mais vous en repartirez conquis !
Benoît Gilles propose aux curieux de découvrir, chaque jour, son atelier, situé au 94, route de Ligugé à Saint-Benoît, derrière Sécatol. Plus d’infos sur www.metal-et-histoire.com . Tél : 06 71 26 12 81.