L’Hiraeth, au cœur du son

Le musicien poitevin Eric Brochard fait partie de l’aventure musicale imaginée par le compositeur Loïc Guénin. Présenté jeudi 13 février au Théâtre-auditorium de Poitiers, L’Hiraeth propose un voyage aux confins du son, porté par la voix d’Arthur H.

Claire Brugier

Le7.info

Une voix, celle d’Arthur H, des cordes, celles du trio baroque AnPaPié, un ordinateur, celui du Poitevin Eric Brochard, et pour les accompagner les percussions et les improvisations de Loïc Guénin. De loin, le mélange a de quoi étonner. De près, il chatouille joliment les oreilles, comme le nom de cette création avant tout sonore, à découvrir jeudi 13 février au Théâtre-auditorium de Poitiers. L’Hiraeth. « C’est un mot qui vient du gallois, il n’a pas d’équivalent en français, explique Loïc, le compositeur de cette partition originale. Il traduit le sentiment que l’on éprouve pour un lieu, un paysage, une lecture, une rencontre dont on sait qu’on ne le retrouvera plus jamais parce qu’il a changé, disparu, ou qu’il était imaginaire. »

Sur le papier, le spectacle porté par la Cie Le Phare à Lucioles s’inspire de l’épopée d’un jeune mousse vendéen naufragé en Nouvelle-Guinée à la fin du XIXe siècle. Après avoir vécu avec les Aborigènes pendant dix-sept ans, Narcisse Pelletier, alias Vamir dans le texte, a été kidnappé par des marins anglais qui l’ont ramené sur le vieux continent. Il n’a plus jamais revu l’Océanie. Voilà pour l’histoire même si, pour les musiciens de tous horizons embarqués dans ce projet, l’essentiel n’est pas dans les mots mais dans les sons, dans « l’hybridation des genres et des styles, insiste Loïc Guénin. Ce que l’on aime, peut-être même avant la musique, c’est le son, son épaisseur, sa texture, sa forme, sa résonance… Tout ce qui fait sa qualité physique. On s’attache à travailler à l’endroit du son pour gommer les frontières musicales. Et ça a quelque chose de très grisant ! »


En temps réel

A Sault, au pied du Mont Ventoux, au Milieu, le laboratoire d’expérimentation sonore de Loïc, tout comme lors de plusieurs résidences d’artistes, chaque musicien est venu avec son univers, sa façon de lire, entendre, structurer la musique, mais surtout avec l’envie de 
« créer un langage commun », 
note Eric Brochard. « On s’est créé une fragilité qui, une fois transcendée, a enrichi l’ensemble. On a tous fait un pas de côté pour accepter l’écoute de l’autre et trouver des espaces de partage. » Initialement formé à la contrebasse au conservatoire de Poitiers, le musicien est membre depuis dix ans, avec Loïc, du duo Noorg. 
« Avant de commencer, je n’ai aucun son dans mon ordinateur, je ne peux pas en faire si Loïc ne joue pas. Je suis un peu un coucou, s’amuse Eric. Sur L’Hiraeth, c’est pareil, je fabrique une pièce électroacoustique en temps réel. C’est pourquoi j’ai sans doute une partition un peu plus libre que les autres. D’un concert à l’autre, il est impossible que j’obtienne les mêmes sons. Ce qui gêne beaucoup l’ingé son ! » La tournée de ce concert-spectacle compte déjà douze Scènes nationales, une vraie satisfaction pour les deux musiciens, conscients d’explorer des chemins peu fréquentés du monde musical mais déterminés à « faire en sorte que le son soit mieux pris en compte. Car souvent les gens ne savent pas écouter, leurs oreilles ont plein de filtres qui détruisent la qualité d’écoute. »


L’Hiraeth, par la Cie Le Phare à Lucioles, jeudi 13 février à 20h30, au Théâtre-auditorium de Poitiers.

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