Entre liquidations d’entreprises et licenciements massifs, mises en chantiers en déficit et carnets de commandes réduits à la peau de chagrin, le bâtiment dans la Vienne a vécu une année 2010 catastrophique. Pour la FFB, le marasme n’est pas fini.
Quand le bâtiment va, tout va. Et quand il ne va pas, on fait quoi ? Cette question, tous les professionnels de la Vienne doivent se la poser. Et chercher au fond d’eux-mêmes les solutions capables de les sortir de l’ornière. Car pour eux, les temps sont durs. Très durs. « Pour la seule année 2010, le secteur a enregistré 50 liquidations d’entreprises, 455 licenciements économiques et une perte d’effectifs globale de 2,2% sur un an. »
En cet après-midi de « totale transparence médiatique », Jean-Claude Dupraz est venu tirer la sonnette d‘alarme. Il poursuit ainsi la litanie des malheurs de sa fédération départementale : « Aussi louable soit-elle, la volonté de nos patrons de maintenir des salaires élevés (Poitou-Charentes est la huitième région de France dans l’échelle des valeurs salariales) et de conserver un maximum de main-d’œuvre –notamment celle formée par leurs soins- a mis en péril l’équilibre de leurs entreprises. Elle ne pourra perdurer si les carnets de commandes, qui oscillaient encore entre dix et douze mois en 2008, continuent de se réduire. A ce jour, ils ne sont que de 2,5 à 4 mois. »
Le secteur public ne joue pas le jeu
On savait l’édifice ébranlé par la crise au niveau national. On le découvre totalement fissuré dans notre département. Comment l’expliquer ? « D’abord par un chiffre de mises en chantiers particulièrement déficitaire, souligne le président de la FFB. Concernant les maisons individuelles et les appartements, elles ont chuté de 51% entre 2006 et 2010. » Même chose pour le non-résidentiel : 196 524 m2 en 2009, 113 798 m2 en 2010. Soit 42,1% de perte. « On avait prématurément annoncé que l’offre publique favoriserait la relance, il n’en a rien été, peste encore Jean-Claude Dupraz. Entre 2009 et 2010, on est à… - 76,8%. Les collectivités, hormis la Ville de Poitiers, Grand Poitiers et la CAPC, ont abaissé de façon drastique leur investissement. Les conséquences économiques sur notre activité sont énormes. »
Quant aux prix, ils ont suivi une courbe identique. Et c’est là que le bât blesse. « Les maîtres d’ouvrage, sans exception, vont au moins-disant. Au risque d’être très largement en dessous des tarifs du marché et de faire appel à des entreprises qui sacrifient leur trésorerie sur l’autel de la remise exorbitante et du travail mal fait. La Vienne se distingue notamment par le fait que les sociétés intervenant sur les chantiers sont très souvent immatriculées hors du département, voire à l’étranger. »
Pour lutter contre cette concurrence déloyale, la FFB 86 envisage de créer une charte dite de « la moins-disance », pour instaurer un vrai seuil tarifaire de compétence et inciter à « consommer local et bon ». Elle mise encore sur les chantiers de la LGV et de Center Parcs pour retrouver un second souffle. Ainsi que sur les obligations légales de réduction de consommation d’énergie dans les logements et d’accessibilité aux personnes handicapées dans les lieux publics. « Seuls 5% des bâtiments actuels sont aux normes handicap, conclut Jean-Claude Dupraz. Il va bien falloir faire appel à nous un jour ou l’autre. » L’espoir fait encore vivre. Jusqu’à quand ?