« L’avocat soulève les doutes »

Figure du barreau poitevin, Jean Damy détaille les spécificités de l’avocat pénaliste à travers sa propre expérience.

Romain Mudrak

Le7.info

Il y a plus de dix ans, Me Damy plaidait en faveur d’une femme devenue tétraplégique à la suite d’une chute de cheval. Son objectif : démontrer que sa cliente avait été victime de l’erreur d’un tiers. « Si je perdais le procès, elle aurait vécu le restant de sa vie avec une allocation de personne handicapée de 600€ par mois. Si nous parvenions à convaincre le juge, ma cliente repartait avec un chèque de 3 millions d’euros. Après deux échecs, la cour de cassation a finalement penché en ma faveur. Il m’aura fallu sept ans.» Etre avocat pénaliste, c’est assumer, plus que tout autre, l’idée que l’on détient une vie  au bout de sa plaidoirie. Pour lui, deux principes dominent : la présomption d’innocence et une sainte horreur de la prison car « plus on tape sur l’homme, plus il devient méchant ». Lorsqu’il défend un prévenu, le rôle d’un avocat pénaliste consiste à «soulever le doute» dans l’enquête menée par le juge d’instruction, ou devant la juridiction de jugement. Et en cas de flagrant délit ? « Je plaide pour réduire la peine», soutient l’homme de loi. Avant d’ajouter: «Les échecs existent, il faut les surmonter.» L’avocat du Dr Archambault, dans la médiatique affaire des anesthésistes de l’hôpital de Poitiers en 1984, s’est très vite fait un nom en obtenant son acquittement. Sa méthode? Ne jamais devenir copain avec ses clients. « Dans le secret de mon cabinet, je les brasse souvent plus que les juges afin d’obtenir tous les éléments », revendique Me Damy. Avant de nuancer : « Un individu décidant de mentir à la cour mentira aussi à son avocat. »

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