Aujourd'hui
« Il y a ici un très grand respect de chacun »
Catégories : Société, Série Date : mardi 10 décembre 2024Malades, personnes isolées, aidants, accidentés de la vie... Cette saison, Le 7 ouvre ses colonnes aux bénéficiaires des Ateliers Cord’âges, un lieu poitevin à nul autre pareil. Troisième volet avec Hélène Baube, 52 ans, victime d’un burn out et dont le chemin de vie a croisé Cord’âges.
Cord’âges
« Au printemps 2024, après neuf mois à m’occuper de moi à la suite d’un épuisement professionnel, je me suis connectée au site jeveuxaider.org. J’ai lu un article sur Cord’âges qui cherchait des bénévoles pour aller chercher des adhérents et les emmener aux activités. Conduire une voiture, je sais faire ! Comme je suis d’un tempérament un peu réservé, je ne me sentais pas forcément d’être bénévole plus active dans une structure comme celle-là. Et puis Gaëlle (salariée de Cord’âges, ndlr) m’a proposé de participer à la marche du mercredi. Assez rapidement, je suis revenue par plaisir car on crée des liens avec des gens qu’on ne rencontrerait pas dans la vie de tous les jours. La diversité de profils est très chouette. Se mettre en mouvement, parler ou pas... Tout cela m’a plu. J’ai vite eu le sentiment de revenir vers des amis. Merci à Cord’âges de permettre cela. »
Le burn out comme un marqueur
Le travail
« J’ai repris un emploi le 1er octobre, dans une filiale de l’Agence française de développement pour une mission d’un an. Cela fait vingt ans que j’évolue dans la solidarité internationale. En général, je suis les lundi et mardi et jeudi sur Paris, les mercredi et vendredi en télétravail. Auparavant, j’avais travaillé dix ans au sein d’une fondation spécialisée dans l’inclusion financière. »
La cassure
« C'est quelque chose (le burn out, ndlr) qui marque à vie entre guillemets, c'est-à-dire que cela amène à un tel questionnement de son rapport au travail, à la place du travail dans sa vie, que le burn out reste présent en fait. Non pas comme une douleur, même si c’est très douloureux et difficile, mais comme un marqueur. C’est parce que j’ai fait un burn out que j’ai aujourd’hui choisi de reprendre en CDD sur une mission circonscrite. Je ne veux pas me brûler les ailes, j’y vais étape par étape. J’essaie de mettre en place une nouvelle façon de fonctionner, de nouvelles barrières. Quand ça m’est arrivé, j’ai d’abord été dans le déni, je me suis arrêtée trois semaines, j’ai repris à mi-temps, avant de devoir stopper pour de bon... »
L’engagement
« Les structures dans lesquelles j’ai travaillé ces vingt dernières années, les ONG ou la fondation, ont des équipes de quelques dizaines de personnes. On est amené à faire énormément de choses. Dans la solidarité internationale, le développement, on est tous mu par un certain engagement personnel. C’est la porte ouverte à un oubli de soi. J’ai moi-même été dans l’ultra-investissement. Je partais à 20h, puis je me remettais à bosser chez moi... »
La famille
« Je suis mariée et j’ai deux garçons de 14 ans et demi et 17 ans. Mon mari a toujours été dans le soutien, tout en respectant mes choix. Cela fait des années qu’il trouvait que je travaillais trop mais sans jamais me juger. Mes enfants, je ne voulais pas leur montrer le travail comme étant une souffrance. Quand on est à l’adolescence et qu’on parle d’orientation, si on a cette image du monde professionnel, c’est assez terrible. »
Une nouvelle vie ?
« Je prends plus en considération mes besoins. A la mi-octobre, j’ai posé une demi-journée pour dormir parce que j’en avais besoin, tout simplement. Jamais je n’aurais fait ça avant. »
ONG et Cord’âges, même combat ?
« L’ONG dans laquelle je travaillais avant s’adressait à des personnes exclues de la microfinance classique. Cord’âges va vers les personnes exclues et isolées, donc solidarité internationale et locale se rejoignent sur ce point. Et dans les deux cas, il s’agit d’être à l’écoute. Il y a ici un très grand respect de chacun, de ses capacités, ses besoins. »
Ce mercredi, l’atelier danse de Cord’âges se transporte au théâtre-auditorium de Poitiers. La séance sera suivie d’une discussion autour desbienfaits de la danse avec les adhérents et le grand public. Autre temps fort, le jeudi 19 décembre, à 18h, la présentation du livre Ceux que nous sommes, réalisé par Miquel Dewever-Plana et Isabelle Fougères, à la salle capitulaire de Saint-Benoît. Les 20, 21, 22 et 23 décembre (14h-16h), les curieux pourront découvrir l’exposition du même nom et acheter le livre.
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