Après L’Ecole des nouveaux « espions » et Soft Powers, Nicolas Moinet signe De la compétition à l’affrontement. L’enseignant-chercheur à l’IAE de Poitiers y dépeint la guerre visible et invisible à laquelle se livrent pays et multinationales.
Dans la collection des Sentiers de la guerre économique, c’est son troisième ouvrage. Et pas le plus réjouissant puisque De la compétition à l’affrontement dépeint une situation politico-économique sombre pour l’Europe en général, la France en particulier. Nicolas Moinet a d’ailleurs soigneusement barré le titre de son premier chapitre, « Pour une souveraineté retrouvée ». « On assiste à un retour de la primauté du politique et des intérêts de puissance à son service, argue le professeur en intelligence économique à l’IAE de Poitiers. Nous étions dans une dérégulation cadrée, une mondialisation, sauf que la Chine et les Etats-Unis n’ont jamais fonctionné comme cela et que la France et l’Europe sont prises entre ces deux grandes puissances. »
A l’appui de son propos, le co-fondateur de l’Ecole de pensée sur la guerre économique prend deux exemples simples :
le Covid avec « des avions remplis de masques détournés vers les Etats-Unis » ou encore le marché des voitures électriques. « La Chine s'est cachée derrière la compétition mais s’est placée dans une logique d'affrontement quand elle a ouvert ses marchés en échange de transferts de technologies. Pendant ce temps-là, le pays a formé des ingénieurs, construit des universités et influé sur la décision de l’Union européenne d’interdire les véhicules thermiques à l’horizon 2035. Résultat, les constructeurs chinois inondent le marché européen et les projets de gigafactories sont mal embarqués en Europe... »
« Affirmer des
stratégies claires »
De la compétition à l’affrontement, il n’y aurait donc qu’un pas entrecoupé de ce que Nicolas Moinet appelle « la contestation », autrement dit « le fait de décrédibiliser l’adversaire, comme ce qui a été fait au Mali par les Russes, par l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie ou dans les Dom-Tom... Priver la France de ses eaux territoriales lui enlèverait une partie de sa puissance ». L’ouvrage est passionnant, même si encore une fois les perspectives paraissent sombres pour la France. Dans cette guerre d’influence, Nicolas Moinet exhorte les décideurs politiques à « affirmer des stratégies claires » pour redevenir souverains dans des domaines tels que « l’énergie, l’alimentation et la santé ». Et au-delà à « réapprendre à combattre collectivement ».
Au plus près du terrain, l’auteur dresse aussi une galerie de portraits de ceux qu’il appelle « les libérateurs d’énergie positive ».
Et de citer Jean-Marc Neveu, dirigeant de Plaxtil et CDA à Châtellerault, deux entreprises inspirantes sur les plans économique et social. La première, pour rappel, a été pionnière en France dans le recyclage des masques de protection pendant le Covid. Un exemple à suivre !
De la compétition à l’affrontement, de Nicolas Moinet - VA Editions - 181 pages - 18€.