Tiers-lieux - Comme à la maison, pour de vrai

Quatrième volet de notre série sur les tiers-lieux de la Vienne. Focus sur Comme à la maison (Calm), à Neuville, un cocon « familial » lancé avant l’été 2023 par Chris Le Guen Porcheron. Une aventure dans tous les sens du terme.

Arnault Varanne

Le7.info

C’est sans doute le dernier tiers-lieu de la Vienne à avoir émergé, à Neuville. Dans la commune du Haut-Poitou, une jolie demeure bourgeoise située route de Clan, au 
67 exactement, a changé d’affectation depuis juin 2023 et son ouverture au grand public. L’enseigne lumineuse « Calm »,
accolée à des couverts et une tasse fumante, renseigne sur une partie des activités proposées ici. Calm, Comme à la maison dans sa version complète, a mûri dans le cerveau de Chris Le Guen Porcheron pendant longtemps. Le tiers-lieu « familial et ouvert à tous » a désormais dix-huit mois de vie derrière lui et l’aventure reste le maître-mot.

Cuisine et dépendance

« Quand on se lance dans l’exercice du prévisionnel, on n’a aucune idée de comment va réagir le public, ce que sera le contexte économique..., indique en préambule la dirigeante. Mais c'est un modèle tellement flexible que cela permet aussi de changer un peu les projections et d’ajouter des activités. » 
Ainsi donc la restauration reste-t-elle un « pilier » de Calm, assurée par une maraîchère bio-traiteur d’un côté, deux cuisinières les lundi-mardi et jeudi-vendredi de l’autre. « Qui cuisinent avec des ingrédients de producteurs locaux ! », 
précise Chris. Le brunch mensuel rencontre lui aussi son public, contrairement au salon de thé. « Il ne décolle pas trop », a fortiori lorsqu’il n’y a pas d’ateliers proposés à l’étage.

Local partagé, 
structure privée

Car Comme à la maison la société privée -chose assez rare dans les tiers-lieux- n’est pas qu’un resto-salon de thé puisqu’une association baptisée Calm « abrite » une kyrielle d’intervenantes (en majorité) spécialisées pour la plupart dans le bien-être. « Sur le principe du local partagé », développe la créatrice. Yoga, accompagnement périnatal, à la parentalité, éveil, sophrologie, langue des signes, EFT, massages et drainage lymphatique, bien-être, coaching sportif, médiation, reiki, cuisine... La liste des propositions n’est pas exhaustive et s’élargit au gré des contacts et des créneaux disponibles dans le tiers-lieu. Avec bientôt des ateliers de menuiserie parent-enfant ? La dirigeante de Comme à la maison ne ferme la porte à rien pour « enrichir le lieu ». Les quatre pièces situées à l’étage se transforment donc au gré des activités et des besoins matériels.

Le co-working dans le paysage ? 
« On ne le développe pas vraiment. Je pense que les gens en sont un peu revenus et ne veulent pas forcément payer pour venir travailler. Et puis je ne veux me pas bloquer pour de nouvelles opportunités... » Comme à la maison accueille ainsi beaucoup de réunions, de formations, de concerts à l’occasion, d’événements familiaux, de séminaires d’entreprises aussi, « plus rémunérateurs ». La structure de Chris Le Guen Porcheron est 100% privée avec 
« un modèle économique qui reste à consolider. Mais je n’avais pas envie de dépendre de subventions qui peuvent tomber ou pas en fonction des choix des collectivités ». Une aventure entrepreneuriale « solitaire » qui ne l’est pas au quotidien.

La rigueur à l’horizon
Le projet de loi de finances 2025 prévoit des coups de rabot inédits dans tous les secteurs. Les crédits alloués aux tiers-lieux pourraient ainsi diminuer de 80%, passant de 13M€ en 2024 à 2,5M€ l’année prochaine. De très nombreux élus locaux s’en sont émus dans une tribune publiée le 9 novembre dans Libération. « En supprimant autant de moyens, en sus des enveloppes fortement réduites de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (-17%), le gouvernement poursuit une stratégie clairement définie d’abandon progressif des territoires et renonce à une de ses principales prérogatives : assurer la cohésion des territoires en se privant lui-même de moyens », écrivent les élus. Dans un autre texte diffusé sur carenews.com, l’Association nationale des tiers-lieux s’interroge en ces termes : « Le gouvernement a-t-il réellement mesuré le coût humain et économique à court et long termes, de la fermeture de nos lieux, de la diminution drastique des activités qui font les liens sociaux du quotidien, et de la fin des projets qui œuvrent à la résilience de nos territoires face aux crises écologiques, sociales, démocratiques et économiques ? » La France compte 3 500 tiers-lieux, la Vienne une vingtaine.

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