Boutiques de créateurs : les formules d’un succès

Les boutiques de créateurs n’ont cessé de se développer ces dernières années, sous une forme collective ou non, avec ou sans commission, avec ou sans loyer… Leur point commun : des créations originales, artisanales et locales.

Claire Brugier

Le7.info

Il n’y a plus guère d’espaces vides dans la boutique qu’Elodie Martin a ouverte début novembre sur la place Dupleix, à Châtellerault. Les 35m2 de « L’Unique, la boutique des créateurs » sont entièrement garnis de bijoux, sacs, bougies, cubes d’éveil, trousses de toilette… Il a suffi d’un post, sur deux groupes Facebook. « J’ai reçu plus de 150 demandes », s’étonne encore la gérante qui a imaginé « une boutique où le loyer n’est pas cher, 35€/mois l’étagère, sans commission ni permanence ». La formule semble plaire aux créateurs. 
« C’est leur petite maison, une espèce de mini-showroom avec des cartes de visite. Chacun loue selon ses besoins et les pertes ne sont pas énormes en cas de non-vente. » Elodie se réjouit de ce succès même si, constate-t-elle, « cela traduit un malaise social car, parmi eux, il y a beaucoup de personnes qui n’en pouvaient plus d’une vie de fous, qui ont fait un burn-out… » A quelques rues de là, au 4 rue Bourbon, le Boudoir des artisanes a succédé en 2022 à une autre enseigne, ouverte par un collectif au n°24. « Nous tenions chacun notre tour la boutique, mais après la période Covid, beaucoup ont repris un emploi à mi-temps et n’étaient plus disponibles, explique Nathalie Robin. A titre personnel, j’avais depuis quelque temps un projet de café-lecture, que j’ai associé au concept de boutique de créateurs. » Au Boudoir des artisanes, chaque vente est commissionnée et les créateurs -vingt-six actuellement, sélectionnés pour l’originalité et la qualité de leurs produits- s’engagent sur six mois renouvelables. « Ceux qui veulent partir, c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé leur clientèle. » 
Mais ils sont rares. « L’an dernier, nous avons reçu cent cinquante demandes pour six places. »

Fidéliser une clientèle

A Poitiers, sur un modèle semblable, Hung Ju Chao a toujours été la seule « vendeuse » du Temps Cerise, située Grand’Rue. Elle-même créatrice d’accessoires et bijoux en tissu, elle a accueilli jusqu’à une dizaine d’autres créateurs, sous la forme d’un dépôt-vente. A partir de 2020, elle a commencé à s’orienter progressivement vers un autre modèle économique, plus conforme à ses goûts et à son tempérament, en associant son activité de création à la revente d’objet artisanaux japonais. « Avec les créateurs, le réassort était parfois compliqué et la stratégie de bouger les objets nécessitait d’y passer beaucoup de temps, je ne produisais plus beaucoup… »

Chez Colibri, à Poitiers toujours, le modèle collectif perdure depuis 2018. « La boutique permet d’avoir une clientèle qui se fidélise à un endroit, ce n’est pas comme sur des marchés. C’est une façon de se faire connaître, d’être identifiée et que l’on puisse nous retrouver facilement, remarque Chloé Penavaire-Simon, « Penasin » 
de son nom d’illustratrice. Et puis nous sommes souvent seuls dans nos ateliers, les permanences nous permettent d’être au contact de la clientèle. C’est l’occasion de parler de notre travail. Et on essaie de parler de celui des autres. » 
Sous l’appellation « boutique de créateurs », les modèles économiques varient donc. Seule certitude, elles sont une mine d’idées originales, artisanales et locales à quelques semaines de Noël !

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