mardi 24 décembre
Le Centre d’entreprises et d’innovation (CEI) de Chasseneuil disparaîtra du paysage à l’horizon du 31 décembre 2025. Neoloji Technopole promet de ne laisser aucune entreprise sur le bord de la route. Les TPE hébergées dans la pépinière sont critiques.
Le Centre d’entreprises et d’innovation (CEI) a vu le jour en 1988 dans le centre-ville de Poitiers avant de migrer vers le site du Futuroscope, à Chasseneuil, en 1995. Trente ans après son déménagement, la pépinière d’entreprises va définitivement fermer ses portes à l’horizon du 31 décembre 2025. Passé du Département à Grand Poitiers en 2018(1), via la Technopole Grand Poitiers rebaptisée Neoloji, l’hôtel d’entreprises est constitué de deux parties, l’une appartenant au Département (le bail prend fin le 31 décembre 2024), l’autre à Square Habitat (fin 2025). « La présidente de Neoloji Sylvie Plumet a souhaité ouvrir une discussion avec les membres du bureau sur la stratégie immobilière », explique Bastien Bernela, vice-président de Grand Poitiers en charge de l’Economie, par ailleurs trésorier de l’association. Une stratégie qui a abouti l’été dernier à sacrifier l’une de ses deux pépinières.
L’élu ne s’en cache pas, la Technopole veut « se recentrer sur l’accompagnement de porteurs de projets innovants(2). Et l’hébergement doit être au service de l’accompagnement sur une durée comprise entre 12 et 36 mois maximum ». Il évoque aussi une forme de « concurrence déloyale » au bénéfice d’entreprises « qui sont là depuis longtemps et bénéficient d’un loyer subventionné ». « Dans un contexte où les charges s’envolent, le déficit d’exploitation s’élève à 100 000€ sur un budget d’1,3M€ pour la structure. » C’est le cas aussi à H-Tag, boulevard du Grand-Cerf, à Poitiers, mais Neoloji a pourtant choisi d’y réaliser des travaux pour « une quinzaine de bureaux supplémentaires » en plus des vingt actuels. Livraison prévue « au printemps 2025 ».
« On n’a jamais eu de réponse... »
Si deux entreprises -elles sont encore 25- ont choisi de rejoindre H-Tag, la décision de fermer le CEI ulcère la plupart des dirigeants. A commencer par Charles-Henri Allard, patron de CH2I et en pépinière depuis 2016. Sur le fond comme sur la forme. « On a senti le vent tourner parce qu’il y a eu des rumeurs mais, au départ, personne ne nous a donné d’informations alors que nous étions les premiers concernés. On leur a demandé de nous des chiffres, peut-être qu’avec des augmentations de loyer, ça aurait pu revenir dans le vert, mais on n’a jamais eu de réponse depuis l’été... » Le spécialiste des objets connectés a donc acté son départ vers les Arobases voisins. « On s’est débrouillé tout seul, on a pris les devants », soupire le dirigeant, un peu exaspéré.
Même son de cloche amer chez Yoran Brault, arrivé au CEI en 2019. Le co-fondateur de la société arNuméral (développement de logiciels et d’applications mobiles) pourrait rester en pépinière jusqu’à la fin de l’année prochaine, mais il a choisi de partir dès les prochaines semaines. « Disons que l'ambiance est devenue un peu lourde, le côté vivant et inspirant s’est un peu perdu, sachant qu’on nous demande de rester au même tarif avec un courrier qui sera livré une fois par semaine, on gère notre Internet et notre sécurité nous-mêmes... C’est non. »
(1)Une autre pépinière va voir le jour fin 2026 sur le campus santé, dédiée aux startups du secteur biologie-chimie-santé.
(2)A l’époque, deux tiers des adhérents de l’association avaient voté contre la fusion avec la Technopole craignant à terme la disparition pure et simple du CEI.
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