Hier
C’est une première dans la Vienne. La semaine dernière, le restaurant pédagogique du campus de la Chambre de commerce et d’industrie a été le théâtre d’une opération de recrutement assez originale...
Jeudi 17 octobre. 12h15. C’est le coup de feu sur le campus 120 de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), à Poitiers. Scène ordinaire dans ce restaurant pédagogique, qui accueille des clients trois midis par semaine. Sauf que ce jour-là, les apprentis en bac pro ne sont pas seuls. Sept demandeurs d’emploi ont pris leurs quartiers en cuisine, cinq autres en salle. Le tout sous l’œil de sept chefs de « vrais » restaurants(*) venus les observer avant, éventuellement, de les recruter en début d’après-midi à l’issue d’un speed-meeting. « Le format a connu un vrai succès à Pau et La Rochelle, développe Sandrine Pailler, conseillère entreprises à France Travail. Nous préparons les demandeurs d’emploi depuis le mois d’août avec des ateliers sur les compétences et leur façon de se présenter aux employeurs. »
A quelques minutes de « passer à table », Jonathan Colette est serein. A 23 ans, ce titulaire d’un BTS banque ne part pas tout à fait dans l’inconnu. « J’ai travaillé dans un restaurant associatif (L’Assiette sympa de L’Eveil, ndlr) et j’aimerais vraiment en faire mon métier. Cette immersion me permet d’aller plus loin. » A ses côtés, un jeune apprenti le suit depuis le début de la matinée. C’est le cas aussi pour les autres cuisiniers et serveurs d’un jour, âgés de 20 à 59 ans, cornaqués par des futurs professionnels du campus 120.
« On en a besoin »
En proie à des difficultés de recrutement récurrentes, les chefs savourent l’initiative conjointe de France Travail et de la CCI. « Des actions comme celles-ci, on en a besoin, estime Pierrick Casadebaig, patron de l’Essentiel, à Poitiers. On peut voir comment les personnes se comportent, travaillent en équipe... » Même s’il n’a « pas de poste à pourvoir en ce moment », le directeur des 3 Brasseurs (40 salariés) reste attentif aux bons profils, turnover oblige, et aux conditions de travail proposées par la profession. Tout en ayant conscience que « si notre métier doit évoluer, les habitudes des consommateurs ne changent pas forcément ». Autrement dit, les amplitudes horaires et les jours de récupération des salariés, plutôt en semaine, restent une donnée à prendre en compte. « Et encore, c’est plus facile à gérer dans un établissement comme le nôtre... »
« La restauration, c’est un super métier », martèle Jessy Braud. Victime d’une vilaine blessure à la cheville, le demandeur d’emploi aspire à retrouver un secteur qui l’a vu naitre professionnellement. Pour lui comme pour les onze autres « apprentis d’un jour », les portes des cuisines devraient s’ouvrir en grand. D'ailleurs, six d'entre eux ont tapé dans l'œil des recruteurs jeudi dernier et devraient rejoindre leur nouvelle entreprise dans les jours à venir.
(*)Les Fines Gueules, L’Essentiel, Le Moulin de la Norée, Les 3 Brasseurs, La Chatellenie (Availles-Limouzine), L’Oliveto et La Gazette.
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