Anixa Carrie : « Tous mes alter ego sont féminins »

Sous différents pseudos et dans plusieurs maisons d’éditions, le Poitevin Anixa Carrie a déjà beaucoup écrit. Son dernier roman, Tock, est sorti au printemps dernier chez Kubik Editions. Si la voix est féminine, le propos est intime, comme à chaque fois.

Claire Brugier

Le7.info

Il s’était dit qu’il recommencerait à écrire à 50 ans, et il l’a fait. Depuis trois ans, Anixa Carrie écrit, compulsivement, à raison de plusieurs heures par jour. Tock est paru en avril dernier chez Kubik Editions, dans la collection Outrenoir, L’Affaire Pénélope Marsh suivra au printemps prochain, Suzanne Ayne un peu plus tard. D’autres manuscrits, nombreux, dorment encore dans ses tiroirs. 
« J’écris tout le temps », avoue le Poitevin comme il confesserait une addiction, tiraillé entre le souvenir du plaisir et la douleur qu’il éprouve à noircir quotidiennement des pages et des pages. « Je voulais être dessinateur de bande dessinée, mais je n’étais pas doué pour ça. Je suis un faussaire de première ! Comme je n’arrivais pas à dessiner mes propres personnages, je me suis mis à écrire. » Anixa -un pseudo d’inspiration basque- a commencé vers 16 ans, encouragé par quelques adultes séduits par sa prose. Et puis, lorsque la romancière Ann Scott lui a appris un jour que les éditions Bayard souhaitaient étoffer leur catalogue de romans jeunesse, le jeune auteur s’est lancé dans l’écriture d’En Attendant l’automne, publié sous le pseudonyme d’Alex Sadovsky. « Bayard a été mon premier éditeur », glisse Anixa. Est ensuite paru C’est le vent, Betty, d’après « une réplique de 37°2 le matin », précise l’auteur. Les titres de ses ouvrages, les noms des personnages, les lieux où ils évoluent fourmillent de références qui lui sont chères, ou familières, jusqu’à son pseudo, Carrie, inspiré par « le nom de jeune fille de [sa] grand-mère ».

Drogué à l’écriture

Soucieux de ne « pas se laisser enfermer dans la case littérature jeunesse », Anixa a ensuite publié des nouvelles sur un blog créé sur Myspace et pris le temps de se détacher de l’influence d’auteurs comme John Fante ou Charles 
Bukowski. Il s’est aussi fait prête-plume pendant huit ans avant d’arrêter, simultanément, la cigarette et l’écriture. « Ecrire est… une drogue douce, irrésistible et épuisante », justifie-t-il, citant à dessein Joyce Carol Oates. Le nom de l’écrivaine américaine de 86 ans est brodé sur son t-shirt. « Je suis amoureux de cette femme ! » s’exclame-t-il d’un air entendu. 


Comme prévu donc, à 50 ans, Anixa a replongé dans l’écriture de « romans sociaux ». « Ce qui m’intéresse, c’est raconter des histoires de vie. » Parue en 2023 aux Editions l’Amour des Maux, Candice Laine est ainsi née fin 2021 sur un blog pornographique. « Je voulais que mon personnage vive virtuellement. » 
Une femme, encore… « Tous mes alter ego son féminins, confie Anixa. Je ne sais pas si j’irais autant au fond des choses avec des personnages masculins. Les femmes me permettent sans doute de me dévoiler davantage, car il y a de moi dans chacune d’elles. » 
Et d’ajouter non sans ironie : 
« Je vis en huis clos. Je m’écoute beaucoup moi-même. Je suis toujours en train de me décortiquer... »


Tock, d’Anixa Carrie, Kubik Editions, 214 p., 17€.

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